Venu pour « aider » à sauver le nickel calédonien, avec trois usines dans une situation critique, le ministre de l’Economie et des Finances a d’abord posé des questions, avant de vite dessiner les contours d’un « nouveau pacte » reposant sur « trois piliers » : plus d’exploitation/exportation, une subvention de l’électricité et la conquête de nouveaux marchés. Lundi, un élu calédonien, discutant avec l’un de ses administrés, résumait ainsi la séquence : « Le mec, il est arrivé (samedi matin) il connaissait peau de balle au nickel ! » Pourtant, moins de soixante-douze heures après, Bruno Le Maire annonçait qu’un « accord est à portée de main ». Heureusement, car « l’État n’est pas un puits sans fond » et « ne fera pas de chèque » en blanc. Pour autant, en choisissant de financer l’énergie « pendant cinq à dix ans » et payer « la construction » d’une nouvelle structure électrique, le ministre sait que cette histoire va coûter à la France la peau des rouleaux. De l’argent et du temps, puisqu’il faudra refaire le trajet depuis Paris pour avancer, puis conclure, rapidement car le temps presse. « Une affaire de semaines, pas de mois. » Tourner autour du pot n’est plus une option. Manque de pot, le président de la province Nord, élément clé pour poser les fondations du premier pilier, n’était pas disponible samedi, dimanche et lundi pour boire un pot. Le ministre a beau « faire assaut de bonne volonté », parler dès qu’il voit un micro, son interlocuteur semble ne pas l’entendre. Avec le temps, serait-il devenu sourd comme un pot ? Le pot de terre tient tête au pot de fer. Espérons que les Calédoniens n’en paieront pas les pots cassés.
Anthony Fillet