Le conducteur de l’accident mortel du Pont-des-Français reste en détention provisoire

Le drame est survenu samedi dernier. L’homme au volant avait consommé de l’alcool (1,6 gramme par litre de sang) et du cannabis. Le passager, son cousin, est décédé dans le choc. Il était père de famille. Le procès a été renvoyé.

Le prévenu a été présenté hier midi devant le tribunal correctionnel de Nouméa, pour une comparution immédiate. Il a demandé un délai pour préparer sa défense. « S’agissant de la victime, qui a deux enfants mineurs, le parquet a désigné un administrateur ad’hoc afin d’assurer leur représentation dans la procédure et la défense de leurs intérêts, dans la mesure où leur mère n’a pas souhaité déposer plainte et se constituer partie civile au nom de ses enfants », précise le procureur de la République, Yves Dupas. L’association SOS violences, chargée de représenter les enfants du défunt, a elle aussi demandé un délai. Le tribunal a ainsi renvoyé le dossier au 22 décembre. « Il ressort de la procédure diligentée par la brigade territoriale de Saint Michel que le conducteur, âgé de 34 ans, perdait le contrôle de son véhicule, franchissait la chaussée et venait percuter une buse, positionnée dans un fossé puis un abribus », raconte le procureur. « Lors de ses auditions, le mis en cause admettait avoir consommé une douzaine de canettes de bière au moment du déjeuner. Il expliquait qu’il avait tenté de dépasser un véhicule, mais suite à l’arrivée d’un autre véhicule sur la voie opposée il s’était déporté sur la gauche avant de percuter le caniveau (…) Son passager, un cousin, âgé de 32 ans, décédait des suites de ses blessures, le décès étant constaté à 15 h 55. La victime, qui ne portait pas de ceinture de sécurité, était éjectée de l’habitacle, et projetée plusieurs mètres à l’avant de la voiture. »

Déjà en 2013

Le passé du prévenu a été rappelé hier à l’audience et n’incite pas à la clémence. Car cet homme, père d’un enfant de 11 ans (qui vit en Métropole avec la maman), parti du territoire durant une longue période avant d’y revenir le mois dernier, entre autres pour s’occuper de son papa malade, a déjà été condamné à deux reprises. La dernière fois, c’était en 2019 : une amende pour conduite malgré l’annulation de son permis de conduire. La première condamnation, elle, remonte à 2013 et ressemble tristement à l’affaire en cours : en effet, il y a dix ans il a écopé de trois années de prison (dont deux avec sursis), sans incarcération (la partie ferme a été effectuée sous bracelet électronique), pour avoir, déjà, été au volant d’un véhicule lors d’un périple qui s’est terminé par un accident et le décès d’un membre de sa famille. Un homicide involontaire qui fait dire à la représentante du parquet que, pour le prévenu, « aucun enseignement n’a été tiré » de ce premier accident mortel puisqu’un second est arrivé.

« Impardonnable »

Lucie Delage qualifie l’action du prévenu de « scandaleuse » et « impardonnable ». Pour elle, même si de base « on peut se dire qu’il est assez improbable que ça se reproduise » dans un délai court, il y a « tous les ingrédients propices à un nouveau passage à l’acte ». Comprendre par-là : s’il était laissé en liberté, sous contrôle judiciaire avec par exemple le port d’un bracelet électronique, l’homme, au « casier judiciaire bien trop chargé » et qui présente « un manque de lucidité qui est assez marquant », pourrait très bien reprendre le volant en étant ivre et tuer à nouveau quelqu’un. Elle évoque également « un risque de soustraction à la justice ». En clair : qu’il ne vienne pas lorsqu’aura lieu son procès. Pour ces deux raisons, elle a requis un maintien en détention provisoire jusqu’au 22 décembre.

L’avocat du prévenu, Maître Cédric Bull, a contre-attaqué en deux temps. D’abord en rappelant que son client n’a commis dans sa vie « que des délits routiers », jamais de violences volontaires. Ayant actuellement « une épaule brisée », avec un bras (le gauche) immobilisé, il ne risque pas de conduire à nouveau dans les semaines à venir, car « il n’est même pas en mesure d’enfiler ses chaussettes ». De fait, « il ne peut pas prendre le volant », donc « le risque de réitération n’existe pas ». Enfin, dans les précédentes affaires il était présent devant la justice, alors pourquoi ne le serait-il pas cette fois, interroge l’avocat. Après délibération, le tribunal, dont l’audience correctionnelle était hier présidée par Hélène Gaillet, a rejeté les arguments du conseil, suivant le parquet en maintenant le prévenu en détention provisoire jusqu’au jugement, dans quatre semaines. « Il encourt la peine de dix ans d’emprisonnement », rappelle le procureur.

Anthony Fillet

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