Lors de sa venue en Nouvelle-Calédonie, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, va présider les réunions du groupe de travail nickel. Objectif : trouver un accord pour sauver la filière.
Cette visite est d’une importance capitale au vu de l’état de la filière nickel. Nos trois usines métallurgiques sont confrontées à de graves difficultés diverses, certaines d’ordre techniques et d’autres financières. La production n’atteint pas les niveaux escomptés et notre nickel se vend mal et cher, face à la concurrence acharnée des producteurs asiatiques, Indonésiens et Philippins notamment. Ces difficultés conduisent les actionnaires et investisseurs à vouloir se désengager, pour aller voir ailleurs. Glencore menace de se retirer en février prochain, Trafigura vient de signer un très gros accord industriel et financier avec Koréa Zinc et Eramet n’entend plus mettre un sou dans sa filiale SLN. Tous en fait, attendent de voir ce que va faire l’État français.
Pas à n’importe quel prix
En Nouvelle-Calédonie, Bruno Le Maire va réaffirmer la position de l’État quant à la filière nickel calédonienne, à la suite des propos d’Emmanuel Macron place des Cocotiers. L’État n’apportera son soutien, notamment financier, à la filière, qu’à la condition qu’elle crée un modèle économique viable. Durant ce séjour, outre des visites sur le terrain, ainsi dans les trois usines, Bruno Le Maire va réunir tous les acteurs, et échanger avec les responsables du gouvernement et des trois provinces, afin de trouver un accord. Et le ministère de l’Économie et des Finances ne cache pas qu’il faut aller vite, « c’est une question de semaine », précise-t-il, insistant ainsi sur l’urgence de la situation. Les jours de la filière seraient-ils comptés ? C’est d’autant plus inquiétant (ne parlons pas d’angoisse) que les obstacles pour dégager des solutions, sont nombreux. Il faudra en particulier convaincre les indépendantistes de cesser de s’accrocher comme ils le font à la « doctrine-nickel », c’est-à-dire de délivrer les autorisations d’exploitation nécessaires, ce que se refuse toujours à faire le président de la province Nord, et d’accroitre les autorisations d’exportation pour lesquelles le gouvernement Mapou se montre pour le moins frileux. Mais il n’y a pas de modèle économique viable sans régler la question du coût de l’énergie, et si la décarbonation est à l’ordre du jour, elle ne peut s’envisager que sur le moyen et long terme : a-t-on encore le temps ? C’est donc une visite avec un gros enjeu que nous allons suivre, elle a été préparée par les experts de l’Inspection Générale des Finances, présents en Nouvelle-Calédonie ces derniers jours. En tous les cas, l’objectif est fixé souligne le ministère de l’Économie, il va bien s’agir « d’essayer de proposer et de mettre en œuvre des solutions qui permettent de résoudre ces problèmes financiers ». Ensuite, la question demeure non seulement de la teneur d’un éventuel accord, mais aussi de ses limites, jusqu’où les acteurs de la filière, en particulier les actionnaires et les investisseurs sont-ils prêts à aller ?