Nous suivons avec intérêt, inquiétude et espoir les grands mystères de Bougival. Alors certes, lorsque l’on négocie, qui plus est lorsqu’il est question de l’avenir, la discrétion est requise. Mais avouons que là, nous sommes servis puisqu’à part le lieu où se tiennent les négociations, on ne sait rien de ce qui se passe, de ce qui se dit et de ce qui se négocie. Et nous voilà tels les catholiques massés sur la place Saint-Pierre de Rome, attendant extatiques la levée de la fumée blanche. Le problème, lorsque la discrétion est autant appliquée, est qu’il y en a toujours qui croient savoir ou qui assurent détenir des informations exclusives, et qui disent donc n’importe quoi. L’autre problème est qu’il y en a toujours qui les croient ! On ne sait donc rien de ce qui se passe à Bougival, de même que l’on ne sait rien de ce qu’a pu dire Emmanuel Macron aux délégations quant à la suite à donner à la période de stabilité dans la France qu’il propose. Donc il est bien mieux qu’à Bougival toutes les délégations s’appliquent cette règle, nécessaire, de ne rien dire de ce qui se passe. Ça en énerve certains, bien sûr, mais plutôt que la communication, c’est l’échange, le dialogue et le partage entre tous qui doivent primer. Et il sera grand temps ensuite de savoir sur quoi ces échanges auront débouché.
Nicolas Vignoles
* « Le Grand Silence », western de Sergio Corbucci de 1968, avec Jean-Louis Trintignant et Klaus Kinski