La Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA-NC) tire la sonnette d’alarme, chiffres à l’appui : le secteur est « en danger », fragilisé à la fois par la conjoncture post-émeutes et des faiblesses structurelles.
C’est une note de conjoncture 2024, élaborée par l’Observatoire de l’artisanat en partenariat avec l’institut Quidnovi, qui nous l’apprend. La situation est critique pour le tissu artisanal calédonien. Selon cette note, près d’un artisan sur trois gagne moins que le salaire minimum garanti (SMG), soit une rémunération inférieure à 166 536 francs. Le secteur est donc soumis à une grande précarité financière. Autre chiffre inquiétant : 47,6 % des artisans se déclarent en grande difficulté, et un quart d’entre eux envisage de quitter le territoire. Le nombre total d’établissements artisanaux est tombé à 10 778 au 1er janvier 2025, un niveau jamais vu depuis 2009. Une dégradation accentuée par les violences du 13 mai 2024. « 88 % des artisans encore en activité ont connu une perte directe de chiffre d’affaires, la moitié n’a reçu aucune aide, et 47 % n’ont pas sollicité leur assurance », souligne la CMA-NC. Un désintérêt qui s’explique, selon elle, par « le manque de confiance ou le découragement face à des démarches trop longues et complexes ». Les demandes d’aides bancaires restent également très rares, malgré des trésoreries à sec.
Un secteur structurellement fragilisé
Pour la CMA-NC, la crise est bien plus profonde. Les entreprises artisanales – souvent individuelles, mal assurées et peu soutenues – peinent à résister dans un environnement économique tendu. « Les jeunes entreprises, les femmes cheffes d’entreprise, ainsi que les métiers du bâtiment, de la production et des services sont particulièrement impactés ». Le vieillissement des artisans, le manque de relève, la chute de l’investissement et la défiance envers les banques et les assurances pèsent lourdement sur les perspectives pour 2025.
Dans ce contexte, la CMA appelle les décideurs, les institutions et l’ensemble des partenaires économiques « à se mobiliser aux côtés de l’artisanat, pilier de notre identité, de notre emploi local et de notre transmission des savoir-faire ».
B.Z