Au procès de Calédonie ensemble et de ses leaders pour détournement de fonds publics, Sutita Sio-Lagadec a multiplié les réponses confuses pour justifier du travail d’une quarantaine de coutumiers wallisiens embauchés comme collaborateurs de cabinet entre 2014 et 2018. Elle en connaît pourtant tous les rouages : elle était l’une des pièces maîtresses auprès de Philippe Gomès pour les recruter.
Ce fut une succession d’efforts laborieux de clarification. Avant l’audition cruciale de Philippe Gomès, attendue ce mercredi, l’interrogatoire de Sutita Sio-Lagadec avait tout d’un rendez-vous capital devant le tribunal correctionnel de Nouméa. C’est, pourtant, à se demander ce que les magistrats, qui jugent depuis lundi six membres de Calédonie ensemble pour détournement de fonds publics, ont bien pu retenir au terme de presque quatre heures de questions-réponses. Sutita Sio-Lagadec est une femme brillante. C’est à n’en pas douter. À peine âgée de 22 ans, elle est une adhérente de la première heure à l’époque de la création de Calédonie ensemble. Elle en est même l’une des fondatrices jusqu’à devenir un rouage essentiel de l’organisation de cette formation politique. Et « aujourd’hui, j’œuvre plus que jamais à leurs côtés », précise-t-elle d’emblée. Une fidélité à Philippe Gomès qu’elle revendique encore aujourd’hui, et qui va la porter à un poste stratégique à plus d’un titre : le recrutement de collaborateurs de cabinets wallisiens et futuniens.
« Si je n’étais pas chef de village, je n’aurais pas cet emploi »
Stratégique parce que, comme le résumait l’un des chefs coutumiers entendus dans le dossier, la communauté wallisienne et futunienne est un électorat convoité et « représente un réservoir de voix qui peut faire basculer les choses ». Une figure de la chefferie du district de Mua abonde dans le même sens sur procès-verbal : « Tous les grands leaders politiques savent que lorsqu’on a notre titre (coutumier, NDLR), il y a du monde derrière ». Un autre encore, rémunéré 86 000 francs comme chargé de mission à 11%, le reconnaît lui aussi : « Si je n’étais pas chef de village, je n’aurais pas cet emploi : c’est de l’achat de voix. » S’assurer du soutien indéfectible des chefs coutumiers en leur assurant des rentes financières était donc une manière de s’assurer des voix de la communauté, veut croire l’accusation.
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