« Un accord pour le quotidien des Calédoniens »

Pas d’accord institutionnel, mais un accord économique, social et fiscal. C’est ce qu’ont signé les partenaires sociaux hier avec le gouvernement. Objectif : restaurer les finances publiques, relancer l’économie et améliorer la vie des Calédoniens.

« Les partenaires sociaux ont réussi là où les politiques ont échoué. » Pour Nicole Moreau, présidente de la CPME, l’entente qui a prévalu au lendemain de la conférence sociale et fiscale du 22 au 25 avril est déjà un exploit en soi.

L’USTKE, la Cogetra, l’UT CFE-CGC, l’Usoenc, le Medef, la CPME, l’U2PNC… Hormis la Fédé et Force ouvrière, la majorité des syndicats de salariés et organisations patronales a signé hier un accord-cadre, malgré des visions profondément divergentes. « C’est une feuille de route solide, issue de longues heures de travail. Une étape importante pour la Nouvelle-Calédonie et le bien-être des Calédoniens », s’est félicité Christopher Gygès, membre du gouvernement en charge de l’économie et de la fiscalité, à la manœuvre depuis plusieurs mois.

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« On a beaucoup parlé récemment d’un accord institutionnel, mais je crois qu’un accord portant sur le quotidien des Calédoniens est tout aussi essentiel. Il s’agit ici de rétablir nos comptes publics, d’améliorer les salaires, de favoriser le retour à l’emploi et, plus largement, de redonner du pouvoir d’achat à la population. » Les échanges ont été « âpres », à en croire plusieurs participants, mais tous ont pris leur responsabilité pour éviter l’enlisement du territoire. « On souffre tous de la situation actuelle, et on veut tous la faire évoluer », a résumé Alexandre Lafleur, président de la commission protection sociale du Medef.

Convergences

Si les partenaires sont loin « d’être d’accord sur tout », tous ont mis « un peu d’eau dans leur vin ». À force de discussion, les positions ont même fini par se rapprocher jusqu’à faire fait consensus sur certains sujets comme « la création d’un guichet unique pour les offres et demandes d’emploi ou le fait de favoriser les entreprises locales tout en taxant les prestations réalisées par des entreprises extérieures », a listé Christopher Gygès. Mélanie Atapo, présidente de l’UTSKE, voit dans le texte un prolongement du PS2R du 17e gouvernement : « Aujourd’hui, il faut créer de nouvelles recettes budgétaires, créer des emplois, relancer l’économie, redonner du pouvoir d’achat et le maintenir, et surtout travailler à réduire les inégalités sociales ». Des positions finalement pas si éloignées de celles du patronat.

Après les annonces, place à l’action

Quelles sont les premières mesures auxquelles les Calédoniens peuvent concrètement s’attendre ? La première concerne la suite du chômage partiel qui doit s’arrêter fin juin, « avec une loi qui permettra de maintenir les gens dans l’emploi, avec un rehaussement du chômage partiel de droit commun, mais aussi une exonération de charges patronales pour favoriser le retour à l’emploi », a annoncé le membre du gouvernement. Les Calédoniens peuvent aussi compter sur un élargissement de la liste des produits de première nécessité à prix mini, qui vont passer de 15 à 60. « Un effort significatif pour le pouvoir d’achat », selon le membre de l’exécutif, qui prévoit d’inscrire ces sujets à l’ordre du jour dès la séance collégiale du 21 mai. Des mesures pour les entreprises, notamment sur la fiscalité, devraient également rapidement se profiler, à commencer par une réduction progressive de l’impôt sur les sociétés.
Toutefois, si ces annonces peuvent paraître de bon augure, le tour est encore loin d’être joué. Christophe Coulson, président de l’UT CFE-CGC, a prévenu : « Si notre responsabilité est aujourd’hui de donner un signal positif au monde économique et social, cela ne signifie pas qu’on va signer les projets déclinés ». « C’est une étape », comme l’a rappelé Christopher Gygès. Une première base de discussion. En effet, chaque mesure concrète qui découlera de cette feuille de route devra être soumise aux partenaires sociaux avant son examen au gouvernement puis au Congrès. « Toutes ne vont pas forcément aboutir », a complété Alexandre Lafleur. Christopher Gygès espère toutefois que les élus du Congrès adopteront les textes en question, estimant que « l’esprit de responsabilité qui a prévalu avec les partenaires sociaux doit se prolonger au sein des institutions ».

Béryl Ziegler

« Cet accord n’est pas pour Bercy, il est pour nous »

L’État a plusieurs fois conditionné son soutien financier à l’adoption de réformes et à une augmentation de la pression fiscale à laquelle l’exécutif tente de résister. Cela pourrait-il encore être le cas ? Tony Dupré, vice-président de la Cogetra, redoute les contreparties imposées. « C’est compliqué de négocier avec l’État et notamment avec Bercy. » Ce texte sera-t-il soumis à l’aval de l’État ? « Cet accord n’est pas pour Bercy, il est pour nous », a répondu Alcide Ponga, le président du 18e gouvernement. En parallèle, un plan d’évolution de l’administration est également en cours d’élaboration.

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