Le spectre de l’indépendance-association ayant ressurgi à l’occasion des discussions sur l’avenir, et de mots qu’aurait « posés » le ministre à cette occasion, les plus anciens d’entre nous voient surgir devant leurs yeux angoissés le fantôme de Pisani. C’est lui en effet qui, malgré son statut d’ancien résistant et ministre du général de Gaulle, avait « posé » sur la table cette forme d’indépendance qui, avant d’être une association, est avant tout une indépendance, et avait cherché à en imposer l’approbation aux Calédoniens. Mais à l’époque, Pisani était en mission commandée par le pouvoir socialiste en place, pouvoir qui avait en effet laissé entendre au FLNKS que l’indépendance était une voie possible vers laquelle il fallait aller. Cela avait conduit à la résistance farouche qu’avait opposée le RPCR aux visées socialistes. Le parallèle que certains ont émis avec l’actuel ministre des Outre-mer s’arrête là. Car Manuel Valls n’est pas en mission commandée. Il s’est fixé à lui-même l’ambition de parvenir à un accord (sinon le chaos) qui, à en croire certaines déclarations, s’apparenterait à une forme d’association, donc d’indépendance. Mais de là à imaginer que le ministre, fût-il d’État, agit avec le blanc-seing de l’Élysée, de Matignon ou du groupe parlementaire qui soutient le gouvernement Bayrou, il y a un pas que personne ne franchit.
Nicolas Vignoles