Ni chèque en bois (la France, en souffrance financière et en période de contrainte budgétaire, ne souhaite pas se risquer à dépenser de l’argent qu’elle n’a plus), ni chèque en blanc (pas d’engagement à long terme de la part de l’État sans grandes réformes économiques et institutionnelles côté calédonien). Si, en tout cas publiquement, il n’a pas utilisé ces formules (la seconde est pourtant un classique des visites ministérielles ces dernières années) lors de sa venue durant quatre jours dans une Calédonie balafrée (quel baptême du feu pour un nouveau ministre des Outre-mer !), François-Noël Buffet l’a fait comprendre, se montrant prudent (c’est sa nature politique et la réalité du moment, dans un exécutif national fragile), se gardant de faire des annonces dispendieuses et engageantes sur la durée. Le riche homme d’affaires philanthrope (il était en tout cas espéré comme tel) est arrivé avec son sourire, son costume mais sans sa carte de crédit. « Il est venu avec pas grand-chose », confirme le député Nicolas Metzdorf, plus déçu que surpris. Lorsque ses interlocuteurs ont compris qu’ils devront payer l’addition pour un plat qu’ils n’ont pas reçu car le cuisinier, pourtant prévenu de la commande, est arrivé en retard, cela a commencé à râler, cela continue et ce n’est sans doute que le début. Attendu comme un sauveur, reçu avec les honneurs, le ministre est reparti sans promettre de bonheur. « On ne peut plus tirer des chèques en blanc, ou en bois, sur le dos de nos enfants et de nos petits-enfants », lançait, de son côté, le Premier ministre, Michel Barnier, dans le JDD. Une remarque à visée nationale, qui malheureusement trouve un prolongement sur le plan local.
Anthony Fillet
