« On n’est pas des talibans, ici ! »

À Dumbéa-sur-Mer, les mamans surveillent les jeunes, qui surveillent les gendarmes, lesquels surveillent le quartier, durement touché par la crise insurrectionnelle qui frappe la Calédonie, principalement le Grand Nouméa, depuis maintenant quatre semaines.

Au croisement d’une rue et d’une ruelle, avec vue sur le Géant Dumbéa Mall, trois femmes, debout sur le trottoir, discutent à la lueur d’un lampadaire. Le soleil vient de terminer sa journée. Dans quelques minutes, ce sera le couvre-feu, il faudra rentrer. « C’est surtout la nuit qu’il y a des tensions », remarque cette maman, 48 ans. Elle a deux fils sur les barrages ceinturant le quartier. Elle ne reste jamais loin, garde un œil sur eux.

« J’espère que ça va se calmer, il faut vraiment que le pays avance », note une jeune femme à sa droite. « Nous, ce qu’on veut, c’est un très bon avenir pour nos enfants » et… l’indépendance. « Je veux qu’on soit libéré de la France. » Donc aussi des forces de l’ordre, postées massivement à 100 mètres de là ? « C’est ça, voilà. »

« Les enfants, ils jettent les pierres »

Protéger les jeunes, c’est la priorité de ces femmes. « On leur dit : ‘’attention, si vous voyez qu’ils arrivent il ne faut pas riposter, il ne faut pas les agresser genre lancer des cailloux, etc. ». L’aînée est la plus remontée contre les gendarmes. « Vous avez vu, Macron ? Il a envoyé l’armée ! Mais vous avez vu ? On n’est pas des talibans, ici ! On ne construit pas des bombes, hein, on ne construit pas des armées ici. On est là, bah les enfants, ils jettent les pierres, ils font des bibiches, ce sont des armes de chez nous. » Une lutte politique, armée donc, contre l’État, ses représentants et ses soutiens. Des jeunes en première ligne, avec possiblement peu de traces écrites pour prouver qui a fait quoi, pourquoi et à la demande de qui. « On n’est pas comme des Kamadjas », lance l’aînée. « Les Kamadjas » – l’un des surnoms donnés aux personnes originaires d’Europe -, dans leur culture « il faut faire l’école et on écrit sur le papier, il faut apprendre et le lendemain tu vas divulguer ce que tu as appris. Nous, ici c’est la parole, on n’a pas besoin d’écrire. Les grands, ils te disent », et normalement les jeunes écoutent et exécutent.

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Anthony Fillet

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