Les couleurs bleu, blanc, rouge s’emparent de la ville

La marche en soutien au dégel du corps électoral a réuni, samedi matin, une foule historique dans la capitale. Une façon, pour les participants, d’exprimer leur désir de « démocratie », et de manifester leur présence auprès de l’État.

« Un homme, une voix ! » C’est sous ce slogan scandé haut et fort qu’a été rythmée la marche loyaliste en faveur du dégel du corps électoral, samedi. Venues des quatre coins de la Grande Terre et des îles, 20 000 personnes selon la police (35 000 selon les organisateurs) ont agité le drapeau tricolore dans les rues de Nouméa, au départ de Port Moselle.

Certains en famille, d’autres entre amis. Chris, pour sa part, est venu seul, défendre ses opinions. Pour ce natif de Calédonie, « le dégel du corps électoral, c’est quelque chose de normal, et c’est scandaleux qu’il y ait des manifestations contre. Il faut absolument que ce soit dégelé, pour qu’on puisse retrouver une certaine démocratie et vivre normalement dans ce pays, et qu’il n’y ait pas des citoyens au dessus des autres », partage-t-il.

Un discours qui se retrouve dans les dires de Gilles. Présent depuis « très longtemps » sur le territoire et ayant le droit de vote pour les provinciales, ce dernier regrette que « beaucoup de gens » ne puissent en faire autant. « C’est anti-démocratique. La France, telle qu’elle défend la démocratie, devrait voir la façon dont celle-ci s’applique en Calédonie », dénonce celui-ci.

Serge, lui, n’y va pas par quatre chemins. « Au lieu de faire cette marche, moi, je ferais plus simple : puisque je ne vote pas, hé bien je ne paie pas d’impôts, point barre ! Ça va plus vite, non ? », interroge-t-il, sourire narquois aux lèvres.

« Pas d’autres possibilités qu’être là aujourd’hui »

« L’avenir du pays c’est le vivre-ensemble, donc il faut arrêter d’exclure des gens qui vivent ici, qui travaillent ici et dont les enfants grandissent ici! », manifestent quant à elles Solène et Olivia, deux sœurs toutes deux nées en Calédonie.

Plus qu’une simple position en faveur du dégel électoral, il s’agissait également, pour beaucoup, de montrer leur attachement à une Calédonie dans la France. Car « c’est avec ce drapeau que j’ai grandi. Aujourd’hui, c’est une façon de montrer qu’on veut vivre ensemble, toutes ethnies confondues », clame Marianne, originaire de Maré.

Pour « Dédé » et Valérie, résidant à Bourail, cette marche était « une évidence ». « Il n’y avait pas d’autres possibilités qu’être là aujourd’hui. L’idée, c’est de défendre mes valeurs. Je suis Calédonienne, mais également Française. J’aime cette liberté de penser, cette démocratie, et les valeurs de la France sont les miennes », partage Valérie, dont les propos furent vite complétés par ceux de « Dédé », désireux de dénoncer quant à lui la « désinformation dont est victime la Métropole. Aujourd’hui, tout ce qui est indépendantiste c’est beau, et tout ce qui n’est pas indépendantiste c’est à jeter. C’est pas normal. On a gagné trois référendums, donc il faut que ça s’arrête », développe-t-il.

Entre 19 500 et 20 500 personnes ont participé à la mobilisation en faveur du dégel du corps électoral, selon les chiffres donnés par le Haut-commissariat. Ils étaient, selon les organisateurs, 35 000.

« On veut la démocratie »

Une façon donc, également, « de montrer à la France que nous, les Loyalistes, on existe aussi. Il ne faut pas qu’ils nous oublient », expriment, dans un soupçon de colère, Christian et Maryline, ayant fait la route depuis La Foa et La Tamoa, le matin même.

Une mobilisation dont le bilan s’est avéré « très positif », pour ses organisateurs. « Aujourd’hui, les Calédoniens sont venus en nombre », déclarait, à l’issue de la marche, Sonia Backes, présidente de la province Sud. « Cela prouve qu’ils ont un message à faire passer à Paris. Ce message, c’est celui qu’on veut la démocratie, on veut le vivre-ensemble, on veut le dégel du corps électoral. Nous avons décidé trois fois de rester Français, et maintenant on ne veut plus que soit imaginé un autre avenir pour nos enfants. »

Le temps d’attendre les quelques retardataires, le député de la seconde circonscription Nicolas Metzdorf en a profité pour aller à la rencontre des Calédoniens.
Outre les drapeaux tricolores, plusieurs banderoles ont rappelé les enjeux.
Fausse barbe, perruques, maquillage… Chacun a fait parler sa propre fantaisie, en respectant les couleurs républicaines.
« On est tous chez nous », était l’un des messages portés lors de cette manifestation.
Plusieurs responsables loyalistes se sont succédé sur l’estrade mobile se déplaçant en tête du cortège.
Comme c’était le cas également au sein de la mobilisation indépendantiste, toutes les tranches d’âge étaient représentées lors de cette manifestation en faveur du dégel du corps électoral.

Nikita Hoffmann

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