Les choses couvaient depuis quelques jours, nous nous en étions fait l’écho à la une de notre édition de lundi. Hier, les choses se sont aggravées et les habitants du Mont-Dore ont vécu une nouvelle journée de galère.
C’est encore une fois sur la RP1, au niveau de la tribu de Saint-Louis, que la situation s’est tendue hier au petit matin. Plusieurs dizaines d’individus cagoulés ont enflammé des pneus et des tas de végétaux disposés sur la route, empêchant ainsi les automobilistes de se rendre à Nouméa, mais aussi, dans l’autre sens, aux employés de Prony Ressources de se rendre à l’usine du Sud… Si ces derniers jours on parlait de perturbation de la circulation, hier un nouveau cran a été franchi pour les automobilistes, qui se sont retrouvés bloqués au niveau de La Coulée en venant du sud et du lieu-dit « Thabor » en venant du nord.
Face à la violence des individus présents au niveau de la tribu et qui n’ont pas hésité à caillasser plusieurs véhicules, ce sont les hommes de la gendarmerie nationale qui, pour des questions de sécurité évidente, ont coupé la circulation dès le début de la matinée. Parallèlement, une centaine de gendarmes mobiles, mais aussi une unité du GIGN (Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale) ont été dépêchées sur place. À plusieurs reprises dans le courant de la journée, les gendarmes ont dû intervenir à l’intérieur même de la tribu. En fin d’après-midi hier, la circulation était de nouveau possible sur la RP1.
Plusieurs réactions politiques
« Je tiens à apporter tout mon soutien aux populations du Mont-Dore, premières victimes systématiques de tous les maux de la Calédonie. Aujourd’hui, c’était un barrage contre le pacte nickel et contre la volonté de Louis Mapou de le signer. Demain, quoi encore ? Merci aux forces de l’ordre pour leur intervention », a commenté sur les réseaux sociaux Sonia Backes, la présidente de la province Sud. Réaction également de Nicolas Metzdorf, député de la 2e circonscription : « j’apporte mon soutien aux forces de l’ordre et aux populations du sud devant les exactions commises (…) Force doit rester à la loi, et si l’opposition au pacte nickel est un droit démocratique elle ne doit pas se faire au détriment des populations encore une fois prises en otage. » Encore une fois, ce sont donc les habitants du Mont-Dore et notamment les habitants du sud de la commune qui ont fait les frais de cette montée de tension.
« Les habitants du sud du Mont-Dore sont pris en otages par des activistes à Saint-Louis. Encore une fois nous subissons des actions concernant des sujets dont nous ne détenons pas les clés. On se doit aujourd’hui de saluer l’intervention des forces de l’ordre pour rétablir la libre circulation sur une portion du territoire français et nous remercions le représentant de l’Etat pour cette action », écrivaient hier après-midi, dans un communiqué, les responsables de l’association « Citoyen Montdorien ». De son côté et par voie de communiqué, Génération NC a exprimé sa préoccupation : « ces actions de blocage, certaines accompagnées de jets de pierre et d’actes violents, sont inacceptables. Générations condamne fermement ces méthodes qui visent à semer la peur parmi la population. Nous tenons à exprimer tout notre soutien aux citoyens piégés par ces blocages, ainsi qu’aux forces de l’ordre qui interviennent pour rétablir l’ordre et la sécurité. »
Blocages également en Brousse
La RP1 n’a pas été le seul lieu à voir des blocages et barrages filtrants être installés. En effet, hier matin, à 4 h, plusieurs dizaines de personnes avaient pris position sur la RT1 au niveau du carrefour de Fonwary, sur la commune de La Foa, pour dire leur opposition au pacte nickel avec un barrage filtrant. On ne savait pas hier soir, au moment de l’impression de ce journal, si ce barrage sera de nouveau mis en place aujourd’hui. Un blocage a aussi été installé hier à l’Île des Pins.
Une motarde frappée ?
Info ou intox ? Hier en fin de journée, sur les réseaux sociaux, une internaute a raconté avoir été victime d’une agression devant la tribu de Saint-Louis. Elle évoque la présence de « quinze individus » qui n’auraient pas hésité à la « tabasser à coups de bois, pieds et poings ». Pire : « ils m’ont également roulé dessus avec le scooter. Je tiens à remercier le monsieur avec son camion blanc qui m’a ramassé sur la route! Merci monsieur de ne pas m’avoir laissé courir sur la route ! » Nous n’avons pas pu nous faire confirmer l’information par la gendarmerie, qui comme c’est le cas depuis de nombreux jours ne répond pas au téléphone.
Lionel Sabot avec Nicolas Vignoles
