« Je pense que tout le monde rêve de jouer un tel rôle »

La compagnie métropolitaine Théâtre Les Pieds Nus est arrivée sur le Caillou lundi soir pour six représentations de la pièce Cyrano, inspirée de l’œuvre d’Edmond Rostand. Non sans imagination, tout de même, alors que le personnage mythique est interprété, pour la première fois, par trois femmes.

Un mythe, ni plus ni moins. « Est-il besoin de dresser le portrait de celui que tout le monde connaît même sans l’avoir lu ? Un héros solitaire, truculent et poétique plus ou moins ventru selon celui qui l’incarne, mais toujours un frétillant quadragénaire », écrit ainsi le théâtre de l’Île, qui accueillera sur ses planches, dès jeudi, les représentations de Cyrano, la pièce mise en scène par Bastien Ossart. Cyrano, c’est Jacques Weber, Jean-Paul Belmondo mais surtout Gérard Depardieu. Cyrano, c’est aussi Iana-Serena de Freitas, Mathilde Guêtré-Rguieg et Louisa Decq. Ces trois jeunes femmes, âgées de 38 ans, 33 ans et 31 ans, incarnent depuis de longs mois déjà le célèbre personnage d’Edmond Rostand. « Je ne pense pas que ce soit le dernier rôle que je jouerai dans ma vie, mais je pense que ce sera le plus beau rôle que je vais jouer. Tout le monde rêve de jouer un tel rôle », commence Iana-Serena de Freitas, présente depuis les premiers jours du projet. Un mythe qu’elles ont, enfin, pu approcher. « En tant que femme, cela nous parle aussi, cela nous correspond. On se retrouve dans les valeurs », dit-elle. « C’est un honneur, et sûrement que cela ne se représentera plus dans une carrière que quelqu’un fasse le pari de le donner à une femme », abonde Mathilde Guêtré-Rguieg.

« Une certaine pression »

Un rôle qu’il a, tout de même, fallu apprivoiser. « C’était une certaine pression, il fallait endosser le truc », poursuit l’aînée. Puis incarner. « L’avantage, c’est qu’on a un metteur en scène masculin. Il a pu nous donner un peu des codes, on a énormément travaillé l’attitude corporelle. Il y a une manière de se tenir, de marcher, de gesticuler qui n’était pas forcément naturelle et qu’on a dû s’approprier », ajoute-t-elle. Le port de masque est un véritable atout, « déterminant » même. « Il nous permet de rentrer dans le personnage. Cela nous donner une voix tout autre également, une voix assez profonde », développe Louisa Decq, dernière arrivée dans l’équipe, « il y a un an et demi » environ.

« Un blockbuster du théâtre »

Il a aussi fallu créer une certaine cohésion entre les comédiennes qui s’échangent les rôles pendant plus de quatre-vingt dix minutes. « On a des caractéristiques sur lesquelles s’appuyer, qui permettent de nous rallier et de donner l’illusion qu’il y a un seul et même personnage. Même si nos caractères transpirent forcément d’une certaine manière, poursuit Louisa Decq. Mais, le plus beau compliment que j’ai pu entendre sur la pièce, c’est qu’à un moment, on ne nous reconnaît plus. On ne sait plus, on ne s’en soucie plus. Quand on arrive à faire cela, c’est très chouette. » « Le public en oublie même que ce sont des femmes qui sont derrière », savoure Iana-Serena de Freitas.

Au point de se perdre sur le nombre de comédiennes présents sur scène, alors que le trio enchaîne, sans sourciller et avec un plaisir certain, les nombreux personnages de la pièce : Roxane, Christian, le comte de Guiche, Ragueneau… « Il y a quelque chose qui en ressort de fort (…) Cela nous montre toute la complexité du personnage. Quand on passe de Cyrano à Roxane, alors qu’il vient de lui déclarer sa flamme, c’est particulier. Il y a un truc, peut-être un peu schizophrénique, qui rajoute quelque chose de profond », assure Mathilde Guêtré-Rguieg, qui définit Cyrano de Bergerac comme « le blockbuster du théâtre ». Une « tragédie », qui n’en reste pas moins joviale. « Cela faisait partie des points importants pour nous. C’est un drame, oui, mais il y a beaucoup de moments où l’on rigole. Ça chante, ça danse », conclut- Iana- Serena de Freitas.

Claire Gaveau

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