Six minutes de course, vingt minutes à répondre aux questions des journalistes. Loann Cayuela n’imaginait pas son samedi matin dans ses proportions. La rançon de la gloire.
Inscrit uniquement sur la première des trois épreuves du Trophée Shell Pacific (qui lançait la saison de triathlon), le licencié à l’Olympique (pour le triathlon, et au CNC pour la natation) s’est montré plus rapide que ses 71 concurrents. Le parcours, à la baie des Citrons, était simple : départ de la plage, nage en faisant une boucle dans le sens des aiguilles d’une montre, arrivée sur la plage. Le tout sous le soleil, par vent faible, avec une zone de baignade (protégée par un filet) calme.
« J’ai dû partir fort pour mettre le plus d’écart au groupe. Après, j’ai vu qu’il y avait un nageur qui me suivait, du coup j’ai mis une accélération à la fin pour gagner », résume Loann, heureux de cette première place en 6 minutes et 42 secondes, avec trois secondes d’avance sur Noa Bonhomme et trente secondes de marge sur Théo Delande.
« Pas de vélo de course »
« C’est une courte distance. Normalement, je fais du 5 ou 10 kilomètres. Là, 600 mètres c’est une course un peu sprint, c’est dur pour mettre en place une vraie stratégie. » Peu importe, c’était « une sorte d’entraînement pour le reste de la saison », et s’imposer est toujours bon pour la confiance.
Loann n’a pas participé, le lendemain, au cyclisme le matin et à la course à pied l’après-midi. Il n’a jamais fait un triathlon complet : « je n’ai pas de vélo de course », et le triple effort « je suis moins fan ». Ce qu’il aime, c’est nager. Avec une préférence pour l’eau libre. « Je suis qualifié aux championnats de France sur les distances de 5 et 10 kilomètres » : ce devrait être mi-juillet.
En plus de l’eau libre, Loann ambitionne de se qualifier, au cours des prochains mois, pour les championnats de France en grand bassin « sur des distances un peu comme le 200 m pap ». Il fut un temps, pas si lointain, où le Calédonien se sentait comme un poisson dans l’eau dans un piscine. « En 2019, j’avais fait trois fois champion de France » chez les 13 ans (400 m , 800 m et 1 500 m nage libre). La question d’un départ en Métropole, pour poursuivre la progression, s’est posée. Elle a été vite tranchée. « Mes parents voulaient que je reste ici. »
« Prendre du plaisir »
Le départ, ce sera peut-être pour l’année prochaine, quand Loann aura 18 ans. Il s’imagine en Métropole, « soit pour mon métier », qui pourrait être gendarme (et si possible intégrer l’unité d’élite, le GIGN), « soit pour continuer la natation à plus haut niveau ». Pour le moment, le lycéen (en terminale, à La Pérouse) jongle avec un emploi du temps chargé, s’entraîne quand il le peut : une à deux fois par jour pendant la semaine, et une fois le samedi, plus de la musculation.
La natation, « j’aimerais bien en faire mon métier, mais c’est un peu dur, il faut vraiment être dans le top niveau mondial », souligne Loann. A défaut de devenir l’un des plus rapides du monde, le médaillé d’or (en relais) aux derniers Jeux du Pacifique souhaite « au moins prendre du plaisir et être dans les meilleurs français. Déjà, c’est bien. »
Anthony Fillet