Un homme d’une vingtaine d’années a écopé de trois ans de prison dont un an avec sursis probatoire pour « des violences d’une particulière gravité » sur sa compagne. Il a été incarcéré.
Du bout des lèvres, il n’a eu que quelques mots d’explication. « C’est la colère ». Ce sera pratiquement la seule phrase que les magistrats du tribunal correctionnel de Nouméa entendront, mardi matin, de la bouche d’un jeune homme d’une vingtaine d’années. Dans le box, cheveux en bataille qui débordent sur ses yeux, le prévenu n’a pas dit grand-chose des raisons qui l’ont poussé à commettre des « violences d’une particulière gravité », décrit la présidente Hélène Gaillet, sur sa compagne. « Il ne sait pas parler, il ne sait pas verbaliser les choses. Il a de la colère en lui », avance son avocat, Me Stéphane Bonomo.
Elle ne dépose jamais plainte
D’avril 2023 a encore très récemment, cet homme a fait vivre un calvaire à sa compagne dont il partage sa vie depuis trois ans. Un enfant est né entre temps. Et les violences sont « habituelles ».
Pour une simple dispute ou une remarque, la jeune maman de 24 ans reçoit des claques. Souvent. « C’est devenu tellement banal qu’elle ne considère pas cela comme des violences et qu’elle n’arrive même pas à les dater », souligne l’avocate de la partie civile, Me Anne-Lise Lebreton. En juin dernier, il lui fracture le bras droit pour un motif futile. Apparemment, un Mobilis cassé. La sanction tombe comme un couperet pour la malheureuse femme. Elle subit une opération chirurgicale mais devant le médecin elle prétexte une mauvaise chute. Comme à chaque fois : jamais, elle n’a déposé plainte après les multiples épisodes de violences.
Frappée avec le pied du ventilateur
Le 24 janvier dernier, elle remarque des messages supprimés dans une conversation sur les réseaux sociaux. Elle pose la question à son compagnon. La réponse ne se fait pas attendre. Elle reçoit d’abord une bouteille de liquide vaisselle dans le dos et part se réfugier dans la chambre. Ivre de colère, le prévenu déboule dans la pièce, casse d’un coup de pied le ventilateur et récupère la tige métallique. Il s’en sert alors pour cogner sa femme qui se protège tant bien que mal. Si fort qu’il lui brise, à nouveau, l’avant-bras droit. La jeune femme se tord de douleur. En guise de consolation, il lui donne au moins un coup de pied dans le ventre avec des chaussures de sécurité.
La présidente lit les dépositions du prévenu en garde à vue. « Je ne voulais pas frapper son bras mais son visage ». Un court silence envahit le tribunal. « Vous imaginez ce que vous dites ? Si elle ne se protège pas avec le bras, vous lui brisez le crâne », dénonce la magistrate.
Auditionnée par les gendarmes au cours de l’enquête, la victime confiera « avoir peur. Je me soumets à lui. Sa famille est au courant qu’il me frappe mais ils n’ont rien dit et rien fait ». Si, à l’époque, elle avait assumé sa volonté de poursuivre la vie de couple avec lui, elle annonce son intention de le quitter à l’audience. « Elle a toujours refusé de déposer plainte et ce n’est finalement qu’après avoir un bras cassé pour la seconde fois et parce que le parquet a fait le choix d’une comparution immédiate qu’elle a accepté de dénoncer ces violences », alerte Me Lebreton.
« Elle est en danger »
Le procureur de la République Hervé Ansquer se félicite que Madame souhaite rompre, « elle a compris qu’elle était en danger si elle continuait sa vie avec lui. C’est une femme courageuse ». Il requiert 3 ans de prison dont 18 mois avec sursis probatoire à l’encontre d’un homme « incapable d’avoir une vie de couple sans s’empêcher de frapper sa compagne ». La défense évoque « un dossier classique » de violences conjugales et plaide davantage sur « les éléments de personnalité » du prévenu, un « écorché vif » qui a passé « un CAP d’horticulture et le RSMA ». Me Bonomo espère que son client échappe à l’incarcération. « Il a été drogué de force et tatoué à son insu par ses co-détenus pendant la période de détention provisoire ».
Après en avoir délibéré, la juridiction a reconnu coupable le jeune homme et l’a condamné à la peine de trois ans de prison dont un an avec sursis probatoire. Il a été maintenu en détention pour purger la partie ferme. A sa sortie de prison, il aura l’interdiction de contacter son ancienne compagne pendant deux ans.
Jean-Alexis Gallien-Lamarche