Elle a bien du courage notre jeunesse. Celle qui se forme, travaille, étudie, et qui dans ce contexte anxiogène, puise dans son âge, les ressorts nécessaires à nourrir de l’espoir pour demain. Les regards de tant de gens, y compris celui du ministre des Outre-mer, se sont exclusivement tournés vers ces « jeunes » qui ont tout détruit au nom « d’un juste courroux », que l’on en a oublié d’écouter la jeunesse majoritaire qui trouve dans son travail et ses efforts de quoi nous faire croire en un avenir meilleur et en une reconstruction réussie de notre société. La Nouvelle-Calédonie, en dépit de ses lacunes et de ses manques, n’a pas produit que des casseurs biberonnés aux slogans haineux et aux mots d’ordre politiques. Elle a surtout produit une jeunesse, active mais trop silencieuse, qui veut croire en ses chances et se sent prête à construire sur les ruines de la violence. Avec raison, elle voudrait jeter au loin un passé dont elle souhaite s’extraire. A l’heure où le ciel est lourd, sans doute faut-il miser sur ces jeunes, hommes et femmes, de toutes ethnies et de toutes origines, qui ont encore la force et l’ambition de croire qu’à 20 ans, tout est encore possible.
Nicolas Vignoles
* « J’avais 20 ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie », Paul Nizan, « Aden-Arabie » 1932