« Des centaines de photos qui sont insoutenables »

Un homme de 35 ans était jugé la semaine dernière à Nouméa pour avoir consulté et conservé durant plusieurs années des images pédopornographiques, téléchargées sur le dark web. L’alerte a été donnée par un informaticien, à qui le prévenu avait confié un ordinateur, en panne.

Attendre a été sa première sentence. Sur un banc en bois, à côté de sa compagne, à côté de son père aussi, soutiens fidèles et discrets. Position d’autant moins confortable que la salle était loin d’être vide : s’exprimer en public sur sa « déviance » intime a été sa deuxième sanction.

Dix heures de présence au tribunal correctionnel : ce commercial nouméen, en contrat depuis sept ans, se souviendra longtemps de ce 6 mai. Là à l’ouverture de l’audience collégiale à 8 h, il en est ressorti une fois la nuit tombée. Son dossier a été jugé parmi les derniers, en début d’après-midi, pendant près de deux heures. Il lui a encore fallu patienter deux heures supplémentaires, écouter d’autres affaires être traitées, attendre que la présidente et ses cinq assesseurs (dont deux coutumiers) délibèrent pour entendre, enfin, la peine prononcée à son encontre, inaugurant son casier judiciaire : un an et demi de prison avec sursis probatoire (d’une durée de deux ans), interdiction d’exercer une activité en lien avec les enfants (pendant cinq ans), inscription au Fichier des délinquants sexuels, et diverses obligations (suivre des soins, payer 120 000 francs de frais de procédure, etc.).

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Le ministère public avait requis, entre autres, deux ans de prison avec sursis probatoire (de trois ans). Cela avait froissé Me Sophie Devrainne, avocate mécontente en défense. « Monsieur n’est pas à la tête d’un réseau pédopornographique », il est simplement « allé sur Instagram » et « a cliqué sur des liens », soutient-elle. « Ce n’est pas un pédophile ni un tueur en série », c’est quelqu’un qui « est normal ». Elle relève un point : « Est-ce qu’un pédophile va donner son ordi ? Non. » Autre élément souligné : « L’expert dit : ”l’autocritique est excellente”. » Son client, physique imposant, a « compris » et « assume » ses erreurs passées. Et puis, « il n’est pas responsable de ces travers de la société ».

« Des petites filles qui écartent les cuisses »

La justice est remontée jusqu’à lui grâce au signalement d’un informaticien. Celui-ci, missionné par le prévenu pour réparer un ordinateur ne fonctionnant plus a priori du fait d’un espace de stockage plein, parvient à remettre en état de marche la machine. Il tombe alors sur une image d’enfant dénudé, prévient son supérieur, lequel contacte le collectif Truly (spécialiste dans le domaine), celui-ci appelant ensuite la police, est-il raconté par la présidente du tribunal. Les enquêteurs découvrent alors un « nombre de fichiers » qui est « colossal », dixit Isabelle Fuhrer, vice-procureure. « Je n’ai pas pu regarder le dossier », confie Me Laure Chatain, avocate de SOS violences, association se portant partie civile : il renferme « des centaines de photos qui sont insoutenables », on y voit entre autres « des petites filles qui écartent les cuisses », c’est « un tel déploiement d’horreurs » que même face à cette image d’une « petite fille avec un tutu rouge » sans position suggestive « on est mal à l’aise ».

« Envie de revoir »

Pourquoi avoir conservé ces images ? « J’en aurai regardé une et j’aurai viré tout ça », explique la représentante du ministère public. « Il y avait une partie infime que j’avais envie de revoir », répond le prévenu. « On a quand même régulièrement des dossiers de détention d’images pédopornographiques » à traiter au tribunal et c’est « souvent le même profil » de mis en cause, à savoir « quelqu’un qui est profondément gêné, repentant et mal à l’aise face à ce comportement ». Souvent, aussi, poursuit la vice-procureure, « le même type de défense » consistant à prétendre que « c’était involontaire ». Elle n’en « croit pas » un mot, notamment parce que pour aller sur le dark web il faut vraiment le vouloir puisque télécharger une application préalablement est indispensable. Monsieur, lequel confie qu’à l’époque (2021-2024) il était mal (célibataire, forte consommation d’alcool et de drogue, saleté dans son logement), a commencé par regarder beaucoup de pornographie, puis ça ne lui faisait plus suffisamment d’effet : « c’est comme la drogue, il faut que les doses soient de plus en plus » puissantes, résume Isabelle Fuhrer. Un dossier sur fond de « désert affectif » et de « misère sexuelle », constate l’avocate de la partie civile. « J’ai une nouvelle vie, j’ai une compagne, j’ai envie de me projeter », assure le coupable, lequel dit regretter profondément son action. L’expert-psychiatre qui s’est penché sur son cas s’est montré particulièrement rassurant à son sujet, rapport qui lui n’a pas rassuré la juridiction.

A.F.

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