Il n’y a eu ni accord ni déclaration commune au sortir du conclave du Sheraton, et il ne pouvait en être autrement. Sauf à ce que les uns et les autres tombent dans la compromission, personne ne doutait que réunies en conclave (y compris avec l’intercession de l’Esprit-Saint), les délégations eussent pu taire d’un coup à la fois leurs convictions et leurs divergences. De plus, si le projet dont il a été question durant toutes ces journées de discussions proposait en effet une souveraineté en union avec la France, les choses se compliquaient d’autant. Sans doute beaucoup regretteront qu’un accord n’ait pas été signé, ceux sans doute qui veulent faire du 13 mai table rase. Or, quoi qu’ils en pensent, nous sommes toujours dans un contexte post-insurrectionnel qui, en dépit du caractère historique qu’aurait revêtu une signature, empêchait tout accord qui puisse donner raison à ceux qui, il y a un an, ont déclenché les feux de l’enfer sur la Nouvelle-Calédonie et les Calédoniens. Clairement, on ne pouvait signer n’importe quoi, et a fortiori une souveraineté sous quelque forme que ce soit, fût-ce une très large autonomie, sans déroger au principe démocratique du maintien dans la France, confirmé à trois reprises. C’est la base, c’est la logique républicaine, dont on ne peut s’extraire, sauf à vouloir imposer le largage de la Calédonie.
Nicolas Vignoles