Devant le Médipôle, hier matin, la tension était palpable. À l’appel de l’UT-CFE-CGC, une large partie du personnel soignant du centre hospitalier territorial était réuni pour un mouvement de grève afin d’alerter sur l’état critique du système de santé calédonien. Tous le disent : la situation n’est plus tenable, un an après la crise insurrectionnelle.
Si certains grévistes étaient physiquement présents dès 7 heures, d’autres étaient assignés à leur poste malgré leur participation au mouvement, par nécessité de service ou par conscience professionnelle. Difficile donc de connaître précisément le nombre de manifestants, celui-ci dépassant, selon les dires, les cinq cents personnes. Dans la foule, des pancartes et des banderoles affichaient des slogans sans équivoque : « Soignants méprisés, patients en danger » ou encore « Notre combat, votre santé ». Des formules qui résonnent avec les témoignages alarmants des soignants.
« Je suis une des infirmières anesthésistes (IADE) du bloc opératoire. De 41, nous sommes passés à 20 », résume Carole. Dans son service, la pénurie de personnel a conduit à la fermeture progressive de salles d’opération : de 12 ouvertes initialement, seules 5 fonctionnent aujourd’hui et 4 d’ici le mois de juin. « On ne peut plus soigner dignement les patients. On n’a pas fait ce métier pour ça », souffle-t-elle. Selon elle, ce sont les Calédoniens qui en subissent les conséquences, avec des temps opératoires allongés et des reports d’interventions. Et de poursuivre : « En Métropole, un patient peut changer de région. Ici, non. » Ce mardi, seules les urgences sont assurées au bloc. « 100 % de l’effectif des IADE est en grève, avec des assignations uniquement pour les urgences », précise Carole. L’ensemble des soignants présents évoquent un même sentiment d’épuisement, d’abandon et de déconsidération. « On ne soignera pas à bas coût les patients », répète-t-elle.

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