À peine les premières rencontres achevées, et réclamant de la discrétion, le ministre d’État, ministre des Outre-mer, s’est précipité chez NC La 1ère, pour délivrer son message. Manuel Valls a décidé d’user d’éléments de langage sans nuance et percutants. Mais sont-ils pertinents ? « C’est un accord ou le chaos », a-t-il dit, après avoir prédit des risques de « guerre civile » lors de précédentes interventions médiatiques. Certes, c’est un moyen de pression comme un autre sur les délégations, pour qu’effectivement elles remplissent l’objectif que le ministre s’est lui-même assigné pour cette troisième mission. Mais c’est occulter un élément important, cause du grand traumatisme qui perturbe encore la société calédonienne. À savoir que le chaos et quasiment la guerre civile, nous les avons déjà connus et subis, le 13 mai et les jours suivants, dans les émeutes et destructions de la CCAT, dont le leader incarcéré continue de délivrer les consignes et fixer les objectifs à la délégation du FLNKS. Et que c’est ce chaos d’il y a un an qui nous a précipités dans la situation d’aujourd’hui et détruit tant notre économie que notre société. Menacer d’un bis repetita parce qu’il n’y aurait pas d’accord risque de galvaniser les plus radicaux qui l’espèrent peut-être pour marquer le premier « anniversaire », et renforce l’abattement de ceux qui croyaient que la situation avait été créée par leur triple refus de l’indépendance.
Nicolas Vignoles