Comme un mantra, Manuel Valls répète à l’envie qu’il veut un accord. Il en appelle à la responsabilité de chacun, réaffirme sa détermination et menace même la Calédonie des pires turpitudes, y compris de la guerre civile. Hélas, une antienne ne fait pas une réalité, et la manière dont le ministre d’État affiche son obstination, non seulement interroge, mais inquiète. En effet, à quel accord satisfaisant pour tout le monde pourrions-nous bien parvenir alors même que les divergences entre les uns et les autres n’ont jamais été aussi profondes ? Sur ce point le message de Bichou à la convention du FLNKS-CCAT de Yaté est particulièrement éclairant sur les intentions des indépendantistes et leur peu de désir de parvenir à un accord. Manuel Valls a raison de penser que les Calédoniens veulent un accord, car qui n’en voudrait pas ? Mais ils sont nombreux à penser qu’en l’état actuel des choses, un accord n’est pas possible. « Concilier l’inconciliable » est certes un noble projet, mais quand l’inconciliable est autant manifeste, durable et profond, l’entêtement devient redoutable. S’il ne faut pas désespérer la Calédonie et les Calédoniens, il ne faut pas non plus les bercer d’illusions. Et dans ce contexte, il faut poser sur la balance la possibilité d’un accord comme celle de l’échec.
Nicolas Vignoles