Il a parlé, parlé, parlé… beaucoup de lui, parfois en bien, un peu d’elle, presque toujours en mal, essayant de convaincre le tribunal de ne pas le condamner fermement pour de nouvelles violences conjugales survenues le 16 mars à Dumbéa. Mission non accomplie, la justice décidant de le maintenir au Camp-Est.
Arrivé, sous escorte, au tribunal correctionnel de Nouméa il y a quelques jours, le prévenu n’a pas fait honneur au survêtement orange fluo qu’il portait, au nom de l’Olympique de Marseille, officiellement neuf fois champion national (de 1937 à 2010) et seul club français à avoir été sacré champion d’Europe (1993). La devise de ce monument du football est claire, elle tient en trois mots : « droit au but ». Celui de l’adversaire, pas le sien. Dans le sud-est de la Métropole, on est optimiste, offensif, impatient : le succès doit être rapide, éclatant et passer par soi, pas se construire en comptant sur les autres. Hilaire N., 44 ans, a fait l’inverse, jouant à outrance la contre-attaque, tactique renforcée par une défense musclée, les deux pieds décollés. Violent, sans sourire, mais avec politesse. « Bonjour, madame », engage-t-il face à la présidente. Une heure et demie plus tard, lors d’une dernière prise de parole du prévenu qui n’en finissait pas et qui commençait à déborder sur l’aspect politique avec des commentaires sur les déclarations du ministre des Outre-mer, la magistrate a coupé court à l’échange, estimant en avoir assez entendu avec ses deux collègues chargées de juger cet homme, en état de récidive légale. Après environ un quart d’heure de délibéré, elles l’ont condamné à un an et demi de prison ferme (avec maintien en détention), plus un an avec sursis probatoire (d’une durée de deux ans). Il a l’obligation de travailler, de se faire soigner et de payer (Trésor public, frais d’avocat, préjudice moral) un montant dépassant les 220 000 francs. À sa sortie de détention, il aura interdiction de contacter la victime pendant trois ans. Une peine épousant quasiment les réquisitions du ministère public (deux ans ferme, un avec sursis), et au contraire éloignée de la demande de l’avocat de défense, Me Stéphane Lentignac, qui préférait un régime de semi-liberté dans ce « dossier complexe », qui est « compliqué » à la fois « socialement, culturellement, psychologiquement », avec « un couple qui fonctionne de manière surprenante ».
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Anthony Fillet