Président de la FEDOM (Fédération des entreprises des Outre-mer), Hervé Mariton est de retour en Calédonie. Nous l’avons rencontré afin qu’il nous donne son sentiment sur la situation économique et sociale du pays, mais aussi sur le plan politique.
La Voix du Caillou : Par un malheureux hasard du calendrier, vous étiez en Nouvelle-Calédonie le 13 mai et les jours suivants. Comment vous avez vécu cette période ?
Hervé Mariton : Ce fut des moments d’inquiétude, de tristesse. Les graves responsabilités qui ont été prises par ceux qui ont commis ces dégâts, il ne faut pas les ignorer. Les responsabilités, elles sont là. Donc d’abord la tristesse, puis l’inquiétude. L’inquiétude pour la vie des gens, l’inquiétude pour l’économie. Pour la vie, parce que des gens sont morts. Pour les conditions de vie, qui étaient très abîmées et très dégradées. Je suis arrivé début mai, je suis parti fin mai, et en partant j’étais toujours inquiet pour les amis et les connaissances ici sur place. Je n’avais pas mesuré combien la perturbation dans la vie des gens et combien les dégâts humains et économiques dureraient. La vérité, c’est qu’au-delà des moments les plus intenses de ce mois de mai, la vie des Calédoniens et l’activité de la Calédonie ont été perturbées sur une longue durée. Ça reste encore le cas. Et ça, c’est un message dont la France entière doit être consciente. La crise n’est pas résolue. D’évidence, elle n’est pas résolue sur le plan politique, elle ne l’est pas sur le plan économique, elle ne l’est pas sur le plan humain. Donc il est important de garder une grande attention, et plus important, que la solidarité s’exprime dans la durée.
LVDC : Dans ce cadre-là, quelle a été et quelle est l’action de la FEDOM ?
H.M. : La FEDOM est intervenue et intervient pour défendre ses adhérents, c’est-à-dire les entreprises, toutes les entreprises de Calédonie, par des mesures fiscales. Nous avons, dans le domaine de l’investissement productif, obtenu pour la Nouvelle-Calédonie la situation la plus favorable de la loi française aujourd’hui. C’est un exemple. Nous sommes intervenus et continuons d’intervenir pour que les réponses les plus adaptées soient apportées au problème de l’assurance. L’assurance, c’est la réparation des dégâts, c’est aussi la préparation de l’avenir. Il n’y a pas d’avenir si les dégâts ne sont pas réparés, et il n’y a pas d’avenir si les investissements de demain ne sont pas couverts. Cette question de l’assurance, en plus elle est devenue plus globale, compte tenu des problèmes parfois en Métropole, compte tenu aussi des événements sociaux graves qu’il y a eu en Martinique, et les problèmes climatiques et sociaux à Mayotte. Donc le problème est devenu plus large sur le plan territorial. Mais le risque est que ça prenne plus de temps pour trouver une solution sur cette couverture des risques assurantiels en Outre-mer. Nous insistons sur le fait qu’il y a une situation d’une particulière gravité et d’une particulière intensité en Calédonie. Les contacts avec le ministère des Outre-mer, surtout sur ce sujet avec Bercy, avec l’Inspection générale du Trésor, mais aussi avec la Fédération des assureurs, France Assurance, sont des contacts que nous poursuivons pour qu’une solution soit trouvée le plus rapidement possible. Et si le problème prend trop de temps à être réglé pour la France entière, il est indispensable qu’il y ait des mesures de relais qui soient prises au profit des entreprises de Calédonie.
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Propos recueillis par Nicolas Vignoles