À lire l’entretien du maire du Mont-Dore, Eddie Lecourieux, ce lundi dans La voix du Caillou, encore davantage que celui de son homologue de Dumbéa, Yoann Lecourieux, paru la semaine dernière, on mesure la difficile, et même quasi impossible, mission qu’est celle de diriger une commune, surtout en Calédonie par les temps qui courent, puisqu’aux problèmes économiques et sociaux s’ajoutent ceux de la sécurité.
On écoute en s’efforçant de ne jamais perdre patience bien qu’on soit parfois contraint d’élever la voix pour se faire entendre, on encaisse les colères, les cris et les reproches, on rassure même quand on sait que la situation est catastrophique, on dort sur une oreille en craignant toujours le pire, on met sa vie entre parenthèses le temps de remplir cette mission, on travaille pour le bonheur des autres avant de songer au sien, on s’inquiète pour l’avenir, espérant que demain soit mieux qu’aujourd’hui, tout du moins pas pire : contrairement à ce qu’avance Eddie Lecourieux, les maires ne sont pas des psychologues, ce sont des mères pour leurs administrés. Des maires courage qui, à de rares exceptions près, même s’ils ne font pas tout bien, font tout pour essayer que ça le soit. Peu importe leur camp politique, ils ont un point commun, renforcé depuis le 13 mai 2024 : ils sont au milieu d’une sacrée galère, ramant pour continuer à avancer malgré un fort courant contraire et une embarcation trouée, fuyant de tous bords. Avec le Haut-commissaire et les responsables des provinces, les trente-trois maires du territoire ont été les personnalités qui se sont retrouvées, bien malgré elles, en première ligne dès les premières heures des « Événements, le retour ». Elles sont restées, pour remplir leur devoir, même si plus d’une fois elles ont eu la tentation de tout plaquer, lassées parfois d’habitants exigeants, biberonnés à une époque où les communes avaient de l’argent, et les maires un grand pouvoir d’action. Un temps révolu.
Anthony Fillet