Depuis la mi-décembre, le Centre de prise en charge des auteurs de violences intrafamiliales (CPVIF) accueille ses premiers bénéficiaires. Une initiative inédite en Nouvelle-Calédonie.
Habituellement, dans les cas de violences conjugales, l’accompagnement et la réinsertion se concentrent principalement sur les victimes. Mais Centre de prise en charge des auteurs de violences intrafamiliales (CPVIF), ouvert depuis décembre 2024 à Nouméa, change la donne. Ce dispositif, inédit sur le territoire, est né d’une collaboration entre Isabelle Champmoreau, alors vice-présidente du 17e Gouvernement en charge des questions familiales et de la lutte contre les violences conjugales, et Yves Dupas, procureur de la République. Pour bâtir ce projet novateur, plusieurs acteurs ont été mobilisés : le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) et l’association RAPSA (Réinsertion des anciens prisonniers dans une société accueillante). Tous deux ont animé des groupes de travail afin de concevoir un modèle adapté aux spécificités calédoniennes. À leurs côtés, la province Sud, le Centre hospitalier spécialisé Albert-Bousquet (CHS) et la Société immobilière calédonienne (SIC) ont également contribué à la réflexion.
Un dispositif qui a prouvé son efficacité
Face aux besoins spécifiques de ce centre et à ses financements particuliers, une association dédiée, l’ARAVIF (Association de réinsertion des auteurs de violences intrafamiliales), a été créée pour piloter le projet. Placé sous l’égide de cette structure, le CPVIF est dirigé par Philippe Palombo, président de l’ARAVIF, et par Ludovic Fels, directeur du centre, également à la tête de la RAPSA. Le projet, présenté initialement en novembre 2023, devait voir le jour dès juin 2024. Toutefois, les émeutes du mois de mai ont contraint les porteurs à reporter son ouverture à décembre.
Unique en Nouvelle-Calédonie, le CPVIF s’inspire des Centres de prise en charge des auteurs de violences conjugales (CPCA) créés en métropole depuis 2019. Ces dispositifs ont prouvé leur efficacité pour réduire la récidive et briser le cycle des violences intrafamiliales. « Ce qu’on voit ailleurs, en France en particulier, c’est que le taux de récidive passerait de plus de 50% si vous passez par la case prison, à 10-12% quand vous passez par ce genre de centre », déclare Philippe Palombo. Contrairement aux approches traditionnelles, où les victimes sont souvent contraintes de quitter leur domicile, ce centre vise à inverser la logique. « Faciliter l’éviction du conjoint violent, plutôt que de la victime, permettant à celle-ci de rester chez elle », résume Ludovic Fels.
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Claire Rio-Pennuen