Le père Noël est une ordure ? La victime, commerçante d’une soixantaine d’années, pourrait le penser. Car c’est précisément dans la nuit du 24 au 25 décembre dernier, à Ouvéa, qu’elle a subi un vol avec violence. Poussée par son agresseur, elle est mal tombée, se blessant lourdement.
Le mis en cause a 18 ans, n’a pas de travail déclaré, pas de relation sentimentale officielle, pas d’enfant. Casier judiciaire vierge, il vit à la tribu de Banutr, au domicile familial. Selon son avocate, Anne-Lise Lebreton, « c’est son père qui l’a envoyé chez les gendarmes quand il a vu le butin ».
Quelques jours plus tôt, durant la nuit de Noël, son fils aurait cambriolé un magasin, y volant pour 426 000 francs de tabac et dérobant, dans la caisse, près d’1,5 million de francs en espèces. D’après les premiers éléments du dossier, la victime serait une personne travaillant dans l’établissement : tentant d’éviter le pillage, elle aurait été poussée lors de la fuite du voleur. La sexagénaire souffrirait d’une fracture de la hanche droite et serait toujours hospitalisée à Dumbéa.
La raison de cette mauvaise action ? « Je ne sais pas », répond le jeune majeur, dans le box des prévenus. Peu bavard au sortir de sa première nuit en détention provisoire, il finit par concéder, vendredi lors de l’audience correctionnelle, qu’il avait « bu et fumé » et qu’il volait « pour l’argent », avec l’ambition d’« acheter de l’alcool ».
La présidente du tribunal tente, à distance, de le secouer. «Vous avez 18 ans, il ne faut absolument pas que vous tombiez dans ce travers de l’alcool, parce que ça ne mène nulle part » : « ça va vous transformer en zombie » et « ça va vous rendre », entre autres, « violent ».
Interdiction de séjour
« Ce n’est pas un jeune oisif qui reste à la tribu » à ne rien faire sauf à « fumer du cannabis » : il est au contraire « pleinement intégré à la vie coutumière de sa tribu », gère le jardin et les animaux de ses parents pendant que ceux-ci sont au travail, décrit Me Lebreton. « Il était en CAP agricole » puis « il a arrêté » : un choix, pour « retourner à Ouvéa », où il se sent le mieux. En cambriolant un magasin de l’île, « vous avez pris le risque, monsieur, qu’on ne veuille plus vous y voir, là-bas », lui fait remarquer Fabienne Coupry, vice-procureure, réclamant une interdiction d’y retourner, dans l’attente de son jugement, renvoyé (en raison d’une convocation erronée remise aux victimes) au 6 mai. Le tribunal a suivi la demande. Ainsi, jusqu’à cette date, le jeune homme est placé sous contrôle judiciaire : il résidera chez un proche à Magenta, devra pointer deux fois par semaine au commissariat, ne pas revenir à Ouvéa, ne pas contacter la victime et entamer des soins (alcool et stupéfiants).
Anthony Fillet
