Après avoir été élu député de la 2e circonscription le 7 juillet, Emmanuel Tjibaou est depuis le 24 novembre le président de l’Union calédonienne. Rencontre.
La voix du Caillou : votre élection à la présidence de l’Union calédonienne marque-t-elle une rupture dans la trajectoire du parti ?
Emmanuel Tjibaou : Je ne parlerais pas de rupture. Dans le monde de la culture, d’où je viens, il s’agit plutôt de la manière dont on avance et dont on se nourrit de l’altérité pour se redéfinir. Et puis, de l’envie de transformer.
LVDC : Après une carrière dans la culture, qu’est-ce qui vous a décidé à entrer en politique ?
E.T : J’avais toujours refusé les sollicitations politiques, car je pensais qu’on pouvait porter des convictions sans être forcément encarté ni visible. Mais après tout ce qui s’est passé le 13 mai, l’impasse institutionnelle, et les discussions qui n’aboutissent pas, j’ai fait le choix de m’engager. Je n’ai pas passé de commission d’investiture, ni à l’UC ni au FLNKS. Je me suis porté volontaire pour expliquer et traduire la frustration, les tensions qui sont nées de cet impasse.
LVDC : Vous considérez-vous comme un démocrate ?
E.T : Oui. Je pense qu’on est beaucoup critiqué aujourd’hui parce qu’on est indépendantiste. Au Palais Bourbon, il y a une méconnaissance de la société océanienne, de la société kanak en particulier, parce qu’on nous fait porter beaucoup de travers qui sont le reflet dans lequel la corporation a nourri aussi cet héritage de la colonisation. C’est plus simple de nous qualifier de bandits. J’ai écouté la dernière intervention de madame Backes sur RRB dans Transparence, dans laquelle il est dit que les Mélanésiens sont une société féodale. Il faut être sérieux ! Quand on est en France, clairement, démocrate, ça veut dire quelque chose. Au sein du Palais Bourbon, quand on prend la parole, c’est aussi, pas simplement pour dire qu’on est démocrate, mais avant tout qu’on est Calédonien et Océanien. Les aspirations qu’on porte sont celles de tous les peuples qui ont été colonisés. Donc démocrate, c’est cette perspective-là. Et on respecte le droit de vote, les principes de la République, de la laïcité…
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Propos recueillis par Béryl Ziegler
