Il est dit qu’en Nouvelle-Calédonie, terre d’Océanie, nous avons la culture du consensus. Les faits nous montrent que l’esprit du consensus, contrairement aux serpents de Racine, ne souffle plus depuis belle lurette sur nos têtes. Prenons par exemple, la question de la reconstruction de l’économie calédonienne. On eut pu croire que l’ampleur du désastre conduirait les uns et les autres à établir en commun, un plan d’ensemble budgété, chiffré, avec des lignes de force et des convergences. Mais nous sommes en Calédonie où, bien que la couverture soit trop petite pour que chacun la tire à soi, tous et chacun privilégient l’éparpillement à la notion d’ensemble, le particularisme contre le Salut public. Des plans de reconstruction ? A l’évidence, ça tombe comme à Gravelotte puisque tout le monde semble porter le sien, assurant qu’il contient en lui les meilleures solutions. Les mondes politiques (déjà bien divisés), économiques et maintenant syndicaux, y vont de leurs propositions, sans jamais manquer d’imagination. A ceci près que, dans cette affaire, le payeur va rester le donneur d’ordre, et le payeur, c’est la France, c’est l’État, qui ne vont pas s’amuser à un bonneteau économique pour choisir le plan qui aura le meilleur packaging. Parce que pendant le temps où chacun valorise ses plans, la Calédonie s’épuise, s’appauvrit, se fragilise…
Nicolas Vignoles