Rencontre avec… Georges Selefen

Ouverture de la ligne Nouméa-Paris via Bangkok, achat de deux nouveaux Airbus, baisse de fréquentation… Georges Selefen, le directeur général d’Aircalin, a fait le point, depuis Paris, alors que la compagnie calédonienne, fortement impactée par les émeutes du mois de mai dernier, ne cesse de s’adapter pour « survivre ».

La voix du Caillou : Le 11 décembre est dorénavant une date historique puisqu’elle a marqué le lancement officiel de la ligne Nouméa-Paris via Bangkok. Elle était dans un premier temps prévue en 2026. Pourquoi avoir accéléré le calendrier ?

Georges Selefen : Il est vrai que nous nous étions préparés pour une ouverture de ligne fin 2026, voire début 2027, sur la base d’un plan stratégique, avec plusieurs axes, présenté lors des quarante ans d’Aircalin en novembre de l’année dernière. Il y avait d’abord l’ouverture de Paris. Le deuxième axe était, bien évidemment, de pouvoir disposer des avions adaptés pour le faire. Et puis, d’autres axes comme notre engagement sur le développement durable. Et le 13 mai est venu percuter ce plan stratégique. Mais, c’est faire preuve d’agilité que s’adapter à la nouvelle situation puisque notre trafic passager a été impacté de plus de la moitié, moins 54% en 2024. Dès lors, l’objectif était de pouvoir réagir face à cela et de ne pas laisser Aircalin dans une situation économique compliquée. Donc, on a avancé ce projet d’ouverture de ligne pour nous permettre de survivre à cette situation et aller chercher le revenu dont on a besoin sur le segment Asie-Europe. Et c’est la raison pour laquelle on a travaillé sans relâche ces six derniers mois pour y arriver.

LVDC : Concrètement, en quoi est-ce intéressant pour Aircalin d’opérer ce deuxième tronçon jusqu’à Paris ?

G.S. : Jusqu’à présent, Aircalin avait comme rayon d’action le régional et l’Asie en long courrier. Et à partir de l’Asie, nos clients étaient repris par nos différents partenaires que vous connaissez tous. Là, l’objectif, c’est de se dire qu’aujourd’hui, sur un tronçon comme le Nouméa-Singapour-Paris, Aircalin ne prend que 40% du revenu. En opérant de bout en bout une ligne comme un Nouméa-Asie-Europe, on prend 100% du revenu. C’est pour cette raison qu’on a ouvert cette ligne, en raison de la réduction du trafic qu’il fallait compenser. Donc, on va chercher ce revenu qui nous manquait en partie en assurant nous-même le transport de nos clients de bout en bout, tout en maintenant également Singapour avec nos différents partenaires.

LVDC : Comment comptez-vous être compétitif sur le tronçon Paris-Bangkok, afin d’être attractif au-delà de la clientèle calédonienne ? On imagine que c’est aussi un enjeu principal ?

G.S. : Je pense que vous avez déjà dû voir les effets de l’ouverture de la ligne et des tarifs très compétitifs qu’on a pu offrir à nos clients, qui, de facto, ont poussé nos partenaires à s’aligner, voire même à passer en dessous de nos tarifs. J’avais annoncé un trajet autour des 200 000 francs un aller-retour en fonction de la haute ou la basse saison. Et, en fonction des promos qui sont offertes, on peut être autour des 180 000 francs aller-retour, en basse saison et avec un seul bagage. Il y a un deuxième élément important de la compétitivité, c’est que nous, on le fait à effectif constant, à ressource constante et à moyen constant. C’est-à-dire qu’au regard de la baisse de notre programme sur les autres destinations, on concentre nos efforts sur cette ligne. Donc, avec nos coûts de production actuels, on arrive à opérer un extra-long courrier à des prix hyper compétitifs.

LVDC : Vous avez annoncé que 270 000 passagers sont attendus sur l’année 2024, contre 450 000 initialement prévus. Pour 2025, les prévisions sont encore un peu plus pessimistes avec environ 260 000 passagers espérés. Quelles sont vos perspectives d’avenir depuis ce qui s’est passé le 13 mai ?

G.S. : Les perspectives pour l’année à venir s’appuient sur nos chiffres entre le 13 mai et le 31 décembre de cette année. C’est la raison pour laquelle on est légèrement en baisse, on ne pouvait pas faire du copier-coller entre 2024 et 2025. Demain, si le trafic revient, parce que j’ai cru comprendre que l’Australie allait notamment revoir son message d’alerte, peut-être que la situation changera et que cela conduira à une amélioration de trafic entre l’Australie et la Nouvelle-Calédonie.

LVDC : Avez-vous également constaté des changements dans les comportements d’achat ?

G.S. : Oui, les changements d’achat ont largement évolué depuis le 13 mai. Auparavant, il y avait une habitude qui était d’acheter un voyage pour dans six mois, voire dans un an. Aujourd’hui, on observe dorénavant des achats à moins de trois mois. Ce qui est difficile pour nous parce que ça nous donne moins de visibilité sur les perspectives. Et on voit aussi une espèce de congestion sur la haute saison. Ceux qui anticipaient auparavant ne le font plus, et il y a désormais des afflux un peu massifs.

Ce contenu est réservé aux abonnés.

Connectez vous pour y accéder !

Propos recueillis par Claire Gaveau

Cette interview a été réalisée à Paris, avec nos confrères de lnc.nc.

Fil d'actualité

Ça commence à chiffrer…

Parce que la présence du drapeau du FLNKS sur...

« Je me sens prise au piège »

Elle n’était pas là à l’audience. Lui, oui, mais...

Peut-on se faire justice soi-même ?

Comment réagiriez-vous si, en pleine nuit, vous vous retrouviez...

« Je vole depuis que je suis petit »

Présenté au tribunal correctionnel de Nouméa la semaine passée,...

Le tribunal donne raison à la province Sud

Selon le tribunal administratif, l’obligation d’une durée de résidence...

Newsletter

Inscrivez vous pour recevoir chaque semaine notre newsletter dans votre boîte de réception.

Ça commence à chiffrer…

Parce que la présence du drapeau du FLNKS sur le nouveau permis calédonien de conduire n’est pas légale, le gouvernement a été condamné par...

« Je me sens prise au piège »

Elle n’était pas là à l’audience. Lui, oui, mais s’est peu expliqué sur ces violences commises à Poya, le 7 février. La victime est agent...

Peut-on se faire justice soi-même ?

Comment réagiriez-vous si, en pleine nuit, vous vous retrouviez face à un intrus ? Gilles J., qui comparaissait devant le tribunal correctionnel jeudi, a...