Des députés qui en viennent quasiment aux mains dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale en plein débat budgétaire. La scène ne s’est pas jouée dans on ne sait quel parlement d’une république bananière, mais au Palais Bourbon, temple de notre démocratie. De dessous sa tombe blanche du petit cimetière de Colombey, Charles de Gaulle a dû se retourner. Ainsi, nous en sommes là ! Le régime né de la volonté du général en 1958 n’avait jamais connu un tel dévoiement et qui pourrait bien conduire à sa perte. Ce régime tant critiqué, mais auquel les présidents s’étaient forts bien acclimatés, notamment François Mitterrand le plus rageux d’entre tous contre la Ve République (« Le coup d’état permanent »), avait réussi le tour de force de la stabilité. Et même les cohabitations n’avaient pu en venir à bout. Sauf que les modifications constitutionnelles, en particulier la réduction du septennat en quinquennat, l’ont fragilisées et redonnées aux partis politiques la funeste vigueur que notre Constitution souhaitait pourtant nous épargner. Ces coups de boutoir ont enlevé à l’Assemblée un bien pourtant précieux, celui de la dignité, qui offre aux anti-démocrates de tous poils comme aux désabusés, le peu de respect pour la chose politique qui leur restait. « Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne » et notre « res publica », pourrait bien en souffrir, jusqu’à s’effondrer.
* Xavier Gélin à Lino Ventura dans L’aventure, c’est l’aventure de Claude Lelouch.
Nicolas Vignoles