Marine Le Pen et Jacques Lalié se rejoignent dans un même combat pourfendant cette « République des juges » qui, à les en croire, les assassine politiquement en requérant ou en les condamnant à l’immédiateté de leur peine d’inéligibilité. Dura Lex sed lex (la loi est dure, mais c’est la loi) bien sûr, mais la justice semble avoir trouvé le moyen d’écarter du champ démocratique, des élus que les règles et les procédures n’ont pas effarouchés et avec lesquelles, selon le juge, ils ont pris de coupables libertés. En usant de « l’exécution provisoire » pour ce qui est de la peine d’inéligibilité la rendant applicable même en cas d’appel ou de pourvoi en cassation (décret n°2019-1333 du 11 décembre 2019 réformant la procédure civile), la justice dispose de moyens pour éviter que des élus demeurent en capacité de poursuivre leur mandat, malgré une condamnation, en jouant sur le délai souvent long des procédures d’appel ou de cassation. Les responsables politiques qui à l’avenir auront des comptes à rendre à la justice, vont devoir prendre en compte cette manière nouvelle de rendre tout de suite une condamnation efficiente. Et par ailleurs, dénoncer l’inéligibilité comme étant un « assassinat politique », surtout si la faute est avérée, c’est porter un jugement de valeur irraisonné sur la justice de la République indépendante et impartiale, séparée des autres pouvoirs et garante, rappelons-le, de la démocratie.
Nicolas Vignoles