Le délégué interministériel a peut-être fait sienne en détournant la maxime du général de Gaulle, « vers la Calédonie compliquée, je volais avec des idées simples ». Emmanuel Moulin, blanchi sous le harnais de la haute fonction publique, est à la tête de la délégation interministérielle chargée d’évaluer la situation économique et budgétaire de la Nouvelle-Calédonie et de faire des propositions pour la sortir de l’ornière dans laquelle l’a fourrée la CCAT. Il va découvrir rapidement qu’en Nouvelle-Calédonie, on ne manque pas d’idées, mais qu’elles donnent chaque fois lieu à des foires d’empoigne pour en revendiquer la paternité. Pour sortir de la crise, nous voilà avec le plan quinquennal des uns et le PS2R du gouvernement. Et si chacun explique sciemment, mais avec plein d’arrière-pensées, qu’il ne faut y voir là aucune concurrence, on sent plutôt les divergences que l’harmonie. Il faut dire que l’horizon calédonien se peuple certes d’un éventuel accord global, mais surtout des élections provinciales qui, si elles ont été repoussées, n’en constituent pas moins un but à atteindre pour beaucoup. Et celui qui aura au final l’oreille du pouvoir, mettra dans son escarcelle, une dose supplémentaire de réussite. Emmanuel Moulin, sans nul doute, n’est pas là pour choisir, ni jouer à chifoumi avec les uns et les autres, mais plus certainement pour trouver la meilleure manière de parvenir à la solution la moins douloureuse pour les Calédoniens, et surtout pour l’État.
Nicolas Vignoles