Dans le monde très feutré de la diplomatie, il y a un acte qui montre qu’il y a de l’eau dans le gaz entre deux pays, c’est lorsqu’un ambassadeur ou une ambassadrice est convoqué par une chancellerie. Cela a été le cas, mardi, lorsque l’ambassadrice d’Azerbaïdjan en France, Leyla Abdullayeva, a été invitée à se rendre au Quai d’Orsay, après les propos du président azerbaïdjanais Ilham Aliev lors d’un discours en ouverture de la COP 29, qui, il faut bien l’avouer, a pris la forme d’une vaste tartufferie cette année. Devant des représentants d’États insulaires, dont une partie a l’a copieusement applaudi, le dictateur du Caucase, qui à quelques fans sur le Caillou, a accusé le « régime du président Macron d’avoir tué 13 personnes et blessé 169 personnes pendant les légitimes protestations du peuple kanak en Nouvelle-Calédonie ». Une attaque en règle. Une de plus du vendeur de gaz, qui, cette fois-ci, a fait réagir au ministère des Affaires étrangères. Si bien évidemment on ne connaît pas la teneur des propos qui ont été tenus à Leyla Abdullayeva, diplomatie oblige, on espère franchement que madame l’ambassadrice s’est fait remonter les bretelles. Ce qu’il y a d’étonnant dans cette histoire, c’est qu’il a fallu attendre six mois pour que ça bouge au Quai d’Orsay à propos du rôle que le régime de Bakou a pu jouer dans les émeutes de ces derniers mois. On a quand même parfois un peu l’impression que les diplomates comprennent vite, mais qu’il faut leur expliquer longtemps.
Lionel Sabot