Après le passage du ministre des Outre-mer et de la mission du Forum des îles du Pacifique, et alors que le Sénat a voté en faveur du report des élections provinciales au plus tard à novembre 2025, on entend de plus en plus parler d’un hypothétique retour à la table des discussions. Si tout le monde est bien conscient que nous n’aurons pas le choix, et qu’un dialogue devra s’ouvrir de nouveau, on se demande si ce dialogue est vraiment la priorité du moment. Comment faire pour dialoguer alors que les institutions et les collectivités ne savent toujours pas comment boucler leur budget pour l’année 2025 ? Et puis parler oui, il le faudra, mais avec qui et sous quelles formes ? Les non-indépendantistes pourront-ils discuter avec celles et ceux qui, depuis des mois, tiennent des propos outranciers, très souvent racistes et qui ont mis la Calédonie par terre ? Les indépendantistes pourront-ils discuter avec celles et ceux qu’ils accusent de tous les maux et qu’ils accusent d’être responsables du chaos ? Lors de son discours place des cocotiers en juillet 2023, le président de la République avait prononcé à 31 reprises le mot « chemin ». Le chemin du pardon, le chemin de l’ambition, le chemin de repentance, le chemin de l’avenir… Le chemin peut parfois être une route. Et au siècle dernier, le long des routes, on trouvait ce que l’on appelle des bornes kilométriques. Elles étaient de part et d’autre de la route, du chemin… mais personne n’en a jamais vu deux discuter.
Lionel Sabot