Le dimanche 18 août 2024, vers 3h30 du matin, le fournisseur d’accès à internet (FAI) Lagoon a été la cible d’une cyberattaque par rançongiciel. Un moment de crise compliqué pour cette entreprise de plus de 40 salariés. Deux mois après cette attaque sans précédent, nous avons rencontré le directeur général de Lagoon.
La voix du Caillou : Revenons d’abord sur ce dimanche 18 août. Comment avez-vous vécu humainement parlant ce jour si particulier pour l’entreprise que vous dirigez ?
Stéphane Mateo : L’annonce, je l’ai eue en deux étapes. J’ai eu tout d’abord l’annonce d’un problème pour livrer un service à nos abonnés, ce qui arrive dans toute entreprise travaillant dans la technologie. Peu de temps après, je reçois un coup de téléphone au cours duquel on me dit que nous sommes visés par un rançongiciel. À ce moment-là, j’ai complètement coupé mes émotions et je suis passé dans l’action. Personne ne savait qu’elle était l’ampleur de l’attaque, qu’elle en serait la durée. J’essaie donc de mettre en place une sorte de fil conducteur pour faire face à une
situation totalement inédite.
LVDC : Il faut communiquer en interne, mais aussi bien évidemment auprès de vos clients, qu’est-ce qui a été le plus compliqué ?
S.M. : Le plus compliqué a été de communiquer avec nos clients. Avec les salariés de l’entreprise, les choses ont été un peu plus simples, car même ceux qui ne travaillent pas directement dans des services techniques baignent en quelque sorte dans la technique donc ils comprennent ce qui se passe. Avec nos clients, par contre, il faut vulgariser l’information afin qu’elle soit comprise. Mais si on vulgarise trop les choses, on prend le risque de rendre l’information moins importante qu’elle ne l’est. Si on est « dramatique », c’est très anxiogène, notamment dans le climat dans lequel nous vivons depuis le mois de mai. Donc il a fallu être très subtil avec les clients.
LVDC : Comment réagissent les salariés de l’entreprise quand vous leur dites qu’il y a un très gros problème et que quelque part l’entreprise est presque en danger ?
S.M. : Certains salariés, qui n’avaient pas vraiment la notion de ce qu’est un rançongiciel, se disent qu’on va s’en sortir parce que, de toute façon, face aux problèmes l’entreprise s’en est toujours sortie. Et puis il y a les salariés de l’équipe technique qui, eux, comprennent ce à quoi nous sommes confrontés, et qui sont forcément très anxieux.
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Propos recueillis par Lionel Sabot