Samedi, la route provinciale 1, passant devant la tribu de Saint-Louis, a été rouverte à la circulation par les gendarmes après des semaines de fermeture, conséquence des violences répétées dans le secteur. À 17 h, on a tenté le coup. Dix minutes après, on s’est fait caillasser.
Sécurisée, la route ? C’est ce qu’ont assuré, samedi autour de 16 h 30 dans la cour de la gendarmerie de Saint-Michel, le Haut-commissaire de la République (Louis Le Franc) et le commandant de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie (le général Nicolas Matthéos), accompagnés du procureur général (Bruno Dalles). Dès la fin de la conférence de presse, curieux et professionnel on a décidé d’aller voir par nous-même. Et autant vous éviter un suspense insoutenable : oui, on a été pris à partie, et oui, on a évité de peu une probable tentative de car-jacking. Cela s’est passé sur notre trajet retour (sens sud-nord), cinq minutes après un aller qui nous avait moyennement rassuré : à partir du verrou nord, une fois dépassés deux véhicules blindés stationnés, la chaussée, pourtant nettoyée par les gendarmes quelques heures plus tôt, est dans un sale état. On y trouve un bitume brûlé à plusieurs endroits ainsi que des obstacles à contourner : grosses pierres, morceaux d’arbre, enjoliveurs calcinés, débuts de feu… Sur le bord de la route, on a croisé plusieurs habitants, marchant. Peu répondaient aux signes amicaux. Plus inquiétant : des individus avaient des cailloux dans les mains, et pour quelques-uns le visage dissimulé.
Avec précision
Sur notre trajet retour, donc, deux garçons (un grand et mince d’environ 18-20 ans et un plus petit de 13-14 ans), au milieu de la chaussée, ont cherché à nous arrêter. On a ralenti, fait signe qu’on continuerait notre chemin. Ils ont insisté. On a poursuivi notre avancée. Le plus âgé, mécontentent, a alors crié pour alerter, derrière lui, son complice, qui n’a pas hésité, armant son bras en direction de notre véhicule. Dans le rétroviseur, on a tout vu : la taille, imposante, de la pierre, sa vitesse, sa trajectoire quasi parfaite puisque l’objet de la colère a touché notre carrosserie (enlevant la peinture et enfonçant la tôle) avant de rebondir sur la vitre conducteur, la rayant à plusieurs endroits. En clair : si notre vitre était ouverte (comme le 14 mai quand, déjà, on s’était fait caillasser, sur la Sav à Nouméa) ce samedi après-midi lors de notre traversée, on aurait perdu nos dents, explosées par la pierre. On aurait sans doute aussi perdu notre voiture.
Anthony Fillet