L’enquête a permis d’identifier et de retrouver l’auteur des menaces sur Facebook à l’encontre de la présidente de la province Sud. Devant le tribunal, il a expliqué avoir voulu « faire peur » à l’élue.
Il pensait pouvoir se défouler impunément sur Facebook. Sa condamnation prouve qu’il a eu tort. D’après nos informations, un homme de 22 ans a été sanctionné par le tribunal correctionnel de Nouméa, jeudi matin, pour avoir menacé de mort Sonia Backes. Le 18 juin dernier, alors que la Nouvelle-Calédonie traversait la plus grave crise sécuritaire de son histoire, le prévenu, qui habite au Mont-Dore, avait écrit sur les réseaux sociaux : « faut la tuer » ou encore « Backes à mort ». La présidente de la province Sud avait alors signalé les faits aux autorités en déposant une plainte, ce qui avait déclenché l’ouverture d’une enquête. Les investigations avaient ensuite permis d’identifier l’auteur de ces messages et de le localiser. « Il n’a pas reconnu tout de suite les faits. Il a essayé de se dépatouiller en disant que son compte Facebook avait été piraté ou encore que son téléphone portable lui avait été volé sur un barrage », a résumé la procureure de la République, Fabienne Coupry.
La présidente du tribunal commence son interrogatoire.
– « Pourquoi ces messages sur les réseaux sociaux ? C’est grave… », a questionné la présidente. Le jeune homme, inconnu de la justice jusqu’alors, a évoqué sa « haine » contre Sonia Backes.
– « C’est une question de haine »
– « Mais vous voulez la tuer ? »
– « Pas totalement »
– « Attendez, qu’est-ce que ça veut dire ? On veut comprendre. Vous vouliez vous en prendre à elle ? »
– « Non, ce n’était que des paroles. Je voulais juste lui faire peur ».
Une centaine de menaces de mort par jour
La magistrate en a terminé avec l’instruction de ce dossier mais la procureure veut encore s’attarder sur les motivations du jeune homme.
– « Que représente Sonia Backes pour vous ? Vous avez de la haine contre elle, mais pourquoi ?? »
– « C’est pour tout ce qui s’est passé là… »
– « Mais ce n’est pas elle qui a tout brûlé le 13 mai… »
– « Elle attise la haine. On voit des vidéos, des frères et des sœurs qui tombent dans les quartiers. »
– « C’est une élue politique. On peut être d’accord ou en désaccord avec elle. Si vous n’êtes pas d’accord, vous votez pour quelqu’un d’autre aux prochaines élections. Vous avez le droit de vote ? Vous vous exprimez dans les urnes ? »
– « J’ai le droit de vote mais je n’ai jamais voté. C’est mon choix. »
Le risque d’être complice d’un meurtre
Dans ses réquisitions, la représentante du ministère public a rappelé qu’il est formellement interdit par la loi de s’en prendre ainsi à des responsables publics et que ce délit est passible de cinq ans de prison. « Un élu doit être protégé. Pas seulement Sonia Backes, tous les élus », a-t-elle déclaré. La procureure a également affirmé que la présidente de la province Sud faisait face à « une multiplication de messages menaçants depuis le 13 mai. Elle reçoit une centaine de menaces de mort par jour sur les réseaux sociaux. C’est violent et il ne faut surtout pas le banaliser. » S’adressant directement au prévenu, elle lui fait remarquer qu’il aurait pu « inciter des débiles à passer à l’acte. Vous auriez alors été poursuivi pour complicité de meurtre. » Elle requiert une peine de 105 heures de travail d’intérêt général. La présidente suit les réquisitions sans sourciller. Elle ajoute qu’en cas d’inexécution de cette mesure dans un délai de dix-huit mois, une peine de trois mois de prison lui sera infligée. Le jeune homme a également l’interdiction d’exercer une fonction publique pendant deux ans.
Jean-Alexis Gallien-Lamarche