« On est enfermés comme du bétail » : les coutumiers de Saint-Louis réclament la levée des « verrous »

Le président du conseil des anciens de la tribu et un de ses conseillers ont déposé un recours devant le juge des référés pour contraindre l’État à supprimer le dispositif des « verrous » de la gendarmerie. La requête a été rejetée.

Ils ne veulent plus subir « une situation infernale »« la vie n’est plus possible ». Un mois et une semaine après la mise en place de « verrous » en amont et en aval de la tribu de Saint-Louis, qui empêchent la circulation de tous les automobilistes, les coutumiers ont attaqué l’État en justice. Eugène Decoiré, président du conseil des anciens de la tribu de Saint-Louis, et Yohan Wamytan, l’un des conseillers, ont déposé un recours devant le juge des référés du tribunal administratif de Nouvelle-Calédonie qui a examiné le dossier, lundi matin. Les deux représentants de la grande chefferie de Saint-Louis ont ainsi réclamé que les points de contrôle à Thabor et à La Coulée soient levés « car ils ne tiennent pas juridiquement ». Pour motiver leur action judiciaire, et ainsi permettre que la « RP1 soit libérée », les deux requérants ont dénoncé les restrictions des libertés des habitants de la tribu – et notamment de circuler – qui « ne permettent pas de vivre normalement. Nos vieux ne peuvent pas être soignés, les écoliers ne peuvent pas étudier, les gens perdent leurs emplois. Il y a des mamans qui accouchent sur la route et qui doivent présenter le bébé avec le cordon ombilical aux gendarmes. Nous ne comprenons pas pourquoi nous sommes traités comme ça », a déploré Yohan Wamytan. Le chef d’entreprise dit « ne pas accepter cette situation » : « on est kanak, on est coutumier, on défend l’indépendance mais on est encore Français. Et voilà que nous sommes enfermés comme du bétail, c’est invivable ».

« Ça va exploser, il faut faire attention »

Face à la magistrate Nathalie Peuvrel, les coutumiers ont longuement décrit la situation à l’intérieur de la tribu, les contrôles d’identité des gendarmes et « les fouilles corporelles sur les mamans ». « À force d’enfermer les gens, ça va exploser. Il faut faire attention. Il faut libérer, il y a un ras le bol dans la tribu », a soutenu Yohan Wamytan. Avant qu’Eugène Decoiré ne menace à demi-mot l’État : « On en a marre. Il ne faut pas qu’on sorte les armes. Ce sont les jeunes aujourd’hui, mais nous aussi on est passé par là. On veut discuter mais il ne faut pas nous conduire à faire des extrémités ».

Une fois les arguments des requérants entendus par le juge des référés, le secrétaire général du haut-commissariat a pris la parole pour décrire la dangerosité qui plane encore sur cette portion de route qui traverse la tribu, listant « les 300 tirs par armes à feu », « l’assassinat d’un gendarme », et les car-jacking « violents » sur les automobilistes. Ces « verrous » constituent la « seule solution », a affirmé Stanislas Alfonsi, pour « protéger les habitants quels qu’ils soient. Je ne connais pas un autre territoire de la République française avec un tel niveau de violence. Sur quatre ou cinq kilomètres de route, on déplore une soixantaine de car-jacking et plus de 130 tirs touchants sur les gendarmes ».

Eugène Decoiré, président du conseil des anciens de la tribu de Saint-Louis (à dr.) et Yohan Wamytan, responsable coutumier, ont déposé un recours pour contraindre l’État à « lever le blocus » de la tribu.

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Jean-Alexis Gallien-Lamarche

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