Stupeur et colère dans la région de La Foa, Farino et Sarraméa, où dimanche en début de soirée le mémorial du grand chef Ataï a été visé.
Les dégâts ont été signalés vers minuit. Une enquête a été ouverte, les gendarmes se sont rendus sur place, pour sécuriser les lieux et procéder aux premières investigations.
Le mémorial d’Ataï, dont la première pierre avait été posée le 25 juin 2021, se trouve au lieu-dit Winrinha, à Fonwhary. Il accueillait les restes du grand chef et de son sorcier.
Ataï est resté dans l’histoire comme le grand chef de la révolte de 1878. Son crâne avait été retrouvé en 2011 dans les réserves du Muséum national d’histoire naturelle en Métropole, et restitué par l’État en 2014.
« Cette nuit, le mausolée du grand chef Ataï et de son dao a fait l’objet de dégradations », a confirmé hier matin la mairie de La Foa, par voie de communiqué. « Inauguré le 1er septembre 2021, ce site se voulait un lieu de mémoire et de réconciliation des différentes cultures qui fondent notre territoire. Cet incident, qui fait suite à l’incendie de la villa Lacourt le 24 juin dernier, vient à nouveau bafouer des symboles forts de notre histoire calédonienne, parfois douloureuse, et notre désir de construire un avenir commun », déplore la municipalité.
« Spirale destructrice et sans issue »
Le gouvernement collégial, sous la plume de son président Louis Mapou, a réagi hier après-midi. « Nous pensions avoir atteint un paroxysme dans les évènements de ces dernières semaines avec l’incendie des églises de Saint-Louis, de Vao, et du presbytère de Thio-Mission. Ce n’est manifestement pas le cas puisqu’un nouveau degré vient d’être franchi avec la profanation du mausolée (…) Nul ne peut se satisfaire ni justifier décemment de tels actes qui dépassent notre entendement collectif. » Louis Mapou poursuit : « Garder le silence, observer sans agir, c’est tolérer des agissements qui, chaque jour, engagent notre pays dans une spirale destructrice et sans issue (…) Ces agissements sapent tous ces liens que nous avons durement tissés et construits dans la douleur, depuis des décennies, pour parvenir à bâtir un avenir en commun. On ne peut se contenter d’en faire le décompte, jour après jour. Il est important que la population en prenne conscience et qu’elle prenne sa part de responsabilité pour contribuer aux côtés de toutes les autorités à ramener la paix en Nouvelle-Calédonie. »
De son côté, le Haut-commissaire de la République, Louis Le Franc, évoque, lui aussi par écrit, un « acte d’une grande gravité ». Concernant les incendies d’églises, il parle d’« une attaque non seulement au patrimoine de la Nouvelle-Calédonie, mais également à la liberté de culte des Calédoniens ». Désormais, « un dispositif de sécurité est déployé pour garantir l’intégrité de ces lieux de culte ».
Anthony Fillet