Deux frères de 22 et 31 ans, habitant Dumbéa et ayant respectivement un et deux enfants, ont été condamnés, lundi par le tribunal correctionnel de Nouméa, pour avoir été arrêtés, en compagnie de trois comparses, avec des cocktails molotov aux alentours du MK2 le lundi 24 juin, au moment où les forces de l’ordre faisaient face à des émeutiers.
Ils ont perdu leur mère il y a quatre ans, vivent chez leur père, à Jacarandas. Dans le box des accusés, le grand frère, cheveux longs attachés, lève la main, prend la parole : « enfin, moi, j’ai une dépendance à côté », tient-il à préciser.
Avant le début des émeutes le 13 mai, les deux avaient un travail. L’aîné, cordiste patenté sur Nouméa depuis un an, touchait environ 350 000 francs par mois. Faute d’activité dans le contexte que l’on connaît, il n’a plus aucun contrat. Le cadet, cheveux courts, lui, œuvrait dans la maçonnerie depuis deux ans. Comme « il n’y a plus de chantiers », souffle-t-il, « j’ai été licencié la semaine dernière ». Il souhaite désormais « faire le RSMA », y suivre une formation professionnelle dans un cadre militaire
Les deux sont séparés de leur compagne respective. Le premier, deux filles de bientôt 1 an et de 3 ans, s’en « occupe le week-end ». Le second a un enfant. Depuis une décision de justice, il s’en « occupe seul », dit-il. C’est pour eux que les deux frères (la fratrie en comporte un troisième, absent de cette histoire) demandent au tribunal de la clémence : ils souhaitent un bracelet électronique, pas de détention au Camp-Est.
Vos enfants, leur lance le président du tribunal, Eric Mangin, « quel pays vous avez envie de leur laisser ? Un pays en feu, complètement détruit ? » Dans cette crise sécuritaire, « il n’y a pas de gagnants, il n’y a que des perdants » car « à la fin il n’y a que des malheureux. Vous comprenez ce que j’essaie de vous dire ? »
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Anthony Fillet