Le député ? « Qu’il bouge son derrière ! »

À Nouméa hier, c’était jour de vote. Les électeurs sont venus nombreux, avec des messages à faire passer.

Le dimanche 9 juin, pour les élections européennes, une file d’attente s’était formée devant l’Hôtel de Ville, quelques minutes avant l’ouverture du lieu de vote.

Trois semaines plus tard, au même endroit, cette fois pour le 1er tour des élections législatives anticipées, les votants matinaux étaient trois, quatre ou cinq fois plus nombreux à en juger les quelques mintes qu’il fallait patienter avant d’entrer dans la salle d’honneur de la mairie.

Parmi les points communs entre ces deux scrutins : des policiers à proximité et des militaires en retrait pour assurer la surveillance, une maire (Sonia Lagarde) tenant le bureau de vote numéro 1, ou encore la présence, dès les premières minutes, de Claude, électeur sûr de son choix : « je n’hésite jamais quand je fais quelque chose ». Du prochain député, il attend « qu’il bouge son derrière, qu’il bouge pour la population, qu’il travaille ».

À ses côtés, Sylvana pense la même chose, souhaite « des gens qui se battent pour le peuple et non pas pour dire ‘’je suis là’’ et faire joli ». Sur les douze possibles, elle a pris deux bulletins de vote (le minimum requis) et en a glissé un dans l’enveloppe, au nom de Nicolas Metzdorf. « Philippe Dunoyer je l’apprécie beaucoup, mais c’est malheureux », il suit la ligne édicté par « son parti ».

« Les jeux sont un peu faussés »

« Bien avant » que les douze candidats dans la première circonscription « fassent de la politique, il y avait déjà du vivre-ensemble », note Claude. « Sur la Terre, il n’y a que du métissage », ajoute-t-il. Sylvana, venue avec Zoé, une voisine, confirme : « je suis désolée, la terre elle n’appartient pas à une certaine ethnie, elle appartient à tout le monde ». Ce qu’il se passe depuis huit semaines, « ça ne me fait pas peur, mais ce n’est pas normal qu’on donne cet exemple à nos enfants, nos petits-enfants, nos arrière-petits-enfants », déplore-t-elle.

Sur ces élections législatives qui ressemblent à un référendum pour ou contre l’indépendance (et non pas, comme en Métropole, pour ou contre Emmanuel Macron), Sonia Lagarde souligne que « les jeux sont un peu faussés » par cette dichotomie. « Les élections, finalement, sont toujours détournées » de leur objectif, en l’occurrence ici choisir des députés. Elle préférerait que les responsable politiques de tous bords soient « capables de se mettre autour d’une table pour réaliser un projet de société qui va parler à tout le monde (…), qui va nous amener la sérénité pendant x années et pour toujours je dirais ».


Vigilance et lobbying

« Un député, c’est la voix de la Nouvelle-Calédonie à Paris. C’est un rôle important, parce que la Nouvelle-Calédonie a toujours été un petit peu l’oubliée de l’Histoire », rappelle Sonia Lagarde, maire de Nouméa depuis 2014 et ancienne députée (2012-2017). Lorsqu’une loi est votée au niveau national, « il faut avoir une extrême vigilance en permanence » pour s’assurer qu’elle sera bien appliqué aussi en Nouvelle-Calédonie, l’élue prenant l’exemple de l’armement des policiers municipaux à Nouméa, sujet sur lequel elle a dû batailler. Être député d’un des deux circonscriptions ici, c’est également « faire du lobbying, montrer aux députés, qui connaissent mal finalement la Nouvelle-Calédonie, qu’on a parcouru un chemin de paix pendant tant d’années, etc. » Enfin, « ça, c’était valable quand j’y étais », relève-t-elle. « Aujourd’hui, il faut donner un autre message, qui est celui d’aller vers un chemin de paix. »


Victoire de Nicolas Metzdorf

Sur Nouméa (qui compte pour la première circonscription), le député sortant de la deuxième circonscription, Nicolas Metzdorf, a réuni 53,64 % des suffrages exprimés, devant Omayra Naisseline (17,33 %). Le député sortant, Philippe Dunoyer (13,13%), arrive troisième, devant Veylma Falaeo (6,06 %), Simon Loueckhote (5,81 %)


Anthony Fillet

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