« Malgré le contexte très difficile, nous demeurons mobilisés et continuons à assurer nos missions »

Une tribune libre, signée par 38 avocats, a été transmise aux médias hier après-midi. Son titre : « Nous ne referons pas l’Histoire, mais souhaitons envisager l’avenir ». En voici de larges extraits.

« ‘’Je jure, comme avocat d’exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité.’’ Tels sont les principes que nous appliquons chaque jour pour défendre les intérêts de tous les justiciables, sans distinction. Nous sommes des avocats d’origines diverses et de convictions variées, mais nous avons tous en commun d’exercer notre profession au sein du Barreau de Nouméa, sur l’ensemble du territoire. Cette diversité est notre richesse. Elle nous permet d’intervenir au soutien des intérêts de tous les justiciables. Et, alors que la Nouvelle-Calédonie traverse une des périodes les plus sombres de son Histoire, nous continuons à exercer notre métier avec le même professionnalisme. »

« Appel à la paix »

« Dans ce contexte, nous choisissons de nous exprimer, afin de tenter de rétablir un peu d’objectivité. Nous ne faisons pas de politique, nos idées ne convergent pas nécessairement et ce n’est pas notre métier. Nous sommes des juristes, et nous appliquons le Droit. Il nous est apparu que de nombreuses informations relayées dans les médias et sur les réseaux sociaux révèlent une méconnaissance de la situation néo-calédonienne, voire une analyse à travers un prisme partisan, et attisent le conflit que subit le territoire, lorsque la majorité de ses habitants souffrent et n’aspirent en réalité qu’à vivre ensemble. C’est la raison pour laquelle nous lançons cet appel à la paix, au respect des idées de chacun et des fondements de notre société. Car, quelles que soient nos idées et nos convictions, les combats ne peuvent être menés que dans le respect du Droit et, singulièrement, des principes les plus fondamentaux. »

Le collectif d’avocats évoque, à propos de ces émeutes, « des actions d’une violence extrême, engendrant une forte insécurité, à laquelle nous sommes, depuis près d’un mois, quotidiennement confrontés », est-il précisé. « Nous sommes des avocats, mais également des habitants de la Nouvelle-Calédonie et avons ainsi été des témoins directs de ce qui s’y passait. »

« Nous avons eu peur ! »

Symbole de cette folie destructrice dans le Grand Nouméa : « la nuit du 13 au 14 mai » , qui « a été une nuit d’effroi, comme beaucoup d’autres ensuite (…) Comme la majorité des Néo-Calédoniens, nous avons eu peur ! Et nous avons attendu… Que des renforts arrivent, pour stopper ces exactions. Que les politiques dialoguent, pour trouver une solution. Et nous attendons toujours que l’ordre public soit rétabli sur l’ensemble du territoire. Car ces exactions se poursuivent. Un mois plus tard, les libertés fondamentales ne sont toujours pas garanties. La sécurité n’est pas assurée, de nombreux actes de violence sont toujours commis : menaces, carjacking, cambriolages, destructions par incendie. La liberté de circulation n’est pas rétablie (…), l’accès à l’alimentation n’est plus assuré (…), l’accès aux soins est mis à mal (…), la liberté d’expression est totalement bafouée : rares sont ceux qui osent prendre la parole, par peur des représailles, et la majorité des témoins ne s’exprime que de manière anonyme. »

« Nous ne referons pas l’Histoire, mais nous œuvrons pour l’avenir. Malgré le contexte très difficile, nous demeurons mobilisés et continuons à assurer nos missions, afin que les droits des prévenus soient respectés, et ceux des victimes reconnus. La Justice en Nouvelle-Calédonie répond aux mêmes exigences et aux mêmes garanties que dans l’Hexagone. Il est dès lors très difficile de lire et d’entendre qu’il s’agirait d’une ‘’Justice coloniale’’, lorsque les magistrats, les greffiers, les huissiers et les auxiliaires de justice mettent tout en œuvre, parfois au péril de leur sécurité, pour assumer leur mission d’intérêt général. »

« Depuis le début des émeutes, des justiciables, sans distinction, ont été poursuivis, des condamnations ainsi que des relaxes ont été prononcées, parce qu’en Nouvelle-Calédonie aussi, la présomption d’innocence s’applique. Car nous sommes des garants de l’État de droit, fondement de notre société démocratique. »

« Nous craignons l’avenir »

« Nous ne referons pas l’histoire, mais nous craignons l’avenir proposé par les émeutiers, dont les revendications ont évolué, d’une demande de retrait de la loi constitutionnelle votée aux assemblées parlementaires, à une accession à leur pleine souveraineté, nonobstant les considérations juridiques et électorales précitées. Nous ne referons pas l’histoire, mais souhaitons pouvoir envisager un avenir serein pour tous. Et cet avenir, ensemble, dans le respect de chacun, ne pourra se faire que dans la paix et lorsque l’ordre public sera rétabli. Car nous ne voyons d’issues que dans le respect de la démocratie. »

Anthony Fillet

Note :

Retrouvez la tribune dans son intégralité sur notre site internet (voixducaillou.nc).

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