Marcel Toyon, président d’Action solidaire, incarcéré en détention provisoire

Le parquet a obtenu la révocation du contrôle judiciaire auquel était astreint le président de cette association et « membre actif » de la CCAT. La chambre de l’instruction a confirmé son placement en détention provisoire.

La présidente avait prévenu, le 13 mai dernier, « ne vous faites plus remarquer jusqu’à la date du procès ». Sous-entendu, un placement en détention planait au-dessus de la tête de chacun des prévenus renvoyés devant le tribunal qui avaient tenté de monter un barrage devant la SLN dans la nuit du 8 au 9 mai, quelques jours avant que le pays ne sombre dans une spirale de violences sans précédent.

Président de l’association Action solidaire, qui vient en aide aux familles les plus démunies, Marcel Toyon, à qui la justice reproche d’avoir prêté son pick-up pour charger des pneus et des palettes (complicité d’entrave à la circulation), avait été placé sous contrôle judiciaire dans ce dossier. Avec quelques conditions strictes en attendant le procès programmé au 6 août prochain : ne pas participer à une manifestation sur la voie publique ou encore pointer une fois par semaine au commissariat de son quartier.

Il apprend son assignation à résidence… en rétention

C’est justement cette dernière condition qui est au cœur d’un dossier judiciaire sensible. Car la justice considère que cet homme de 46 ans qui habite près de la cité de Montravel n’a pas respecté « le pointage » auquel il était astreint du 14 au 22 mai. Conséquence, le parquet de Nouméa a demandé la révocation de son contrôle judiciaire et a obtenu son placement en détention provisoire au Camp-Est. Une décision dont a fait appel son avocat Me Pierre Ortet.

Devant la chambre de l’instruction, mercredi matin, Marcel Toyon, militant de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), souligne l’ambiguïté de ce dossier, « on m’a dit que j’étais assigné à résidence » par un coup de téléphone au cours de cette fameuse période de contrôle judiciaire où Nouméa était en train de s’embraser. « Je suis donc resté chez moi, je ne suis pas allé sur les barrages. Je voulais protéger ma famille car la société Le Froid était en train de brûler. Il fallait la mettre en sécurité », a-t-il commenté. En réalité, les autorités lui notifieront officiellement par écrit son assignation à résidence alors qui est déjà en… rétention administrative.

Le président Philippe Dorcet lui fait remarquer qu’à « deux reprises, on vous a dit de venir pointer et vous n’y êtes pas allés ». L’avocate général Claire Lanet pointe le « rôle actif » de Marcel Toyon au sein de la CCAT. « Ne pas respecter un contrôle judiciaire, c’est vider cette mesure de toute sa substance. Il se moque de ses obligations. Ses justifications ne tiennent pas », alerte la magistrate.

« Dans le quartier, c’était la folie »

Aux questions de la juridiction portant notamment sur la présence d’un barrage devant chez lui, le président de la structure associative, également gérant d’un petit nakamal, ne comprend pas les reproches, affirmant avoir « protégé le centre médico-social » des « jeunes qui brûlaient tout partout. La CCAT avait lancé un mot d’ordre de bloquer le port et l’aéroport. Jamais de tout incendier ». L’un des conseillers rebondit, « vous vous protégez des jeunes qui répondent au mot d’ordre de la CCAT dont vous faites partie. C’est difficile à comprendre ».

Son avocat Me Pierre Ortet ironise, « on ne va pas l’interdire de se défendre pour ne pas se faire voler. L’esprit de son contrôle judiciaire était de l’empêcher d’aller sur un barrage des émeutiers, pas de se barricader devant chez lui pour protéger sa famille et son association ». Le conseil revient sur l’essentiel, « il lui était impossible de pointer puisque dans le quartier, c’était la folie, il ne pouvait même pas arriver au commissariat ». Me Ortet considère que les forces de police ont arrêté Marcel Toyon « sur la base d’un mauvais jugement ». S’il est effectivement membre de la CCAT, « ce n’est pas une tête dirigeante » mais plutôt « le restaurateur du quartier qui est utile pour la société, pour tous ».

Des arguments qui ne seront pas entendus par les magistrats de la cour d’appel. La chambre d’instruction a décidé de maintenir en détention provisoire Marcel Toyon jusqu’à la date de son procès.

Jean-Alexis Gallien-Lamarche

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