Depuis le début des émeutes, le nombre de morts naturelles a presque doublé

Les émeutes, commencées le 13 mai, ont occasionné le décès, par armes à feu, de sept individus. Dans le même temps, le nombre de morts naturelles s’accroît aussi sur le territoire, principalement à Nouméa. Le centre funéraire municipal doit s’adapter.

Un manque de réapprovisionnement en médicaments, des routes pour se rendre dans les centres de secours difficilement empruntables, voire bloquées, des hôpitaux surchargés, des crises cardiaques, des dialysés en grande souffrance ou simplement l’âge : la « Faucheuse » a trouvé de nombreux prétextes pour se montrer omniprésente sur le territoire depuis la mi-mai. Si les décès causés par les émeutes sont connus de tous, et voit son nombre régulièrement contesté, de nombreuses autres personnes portent aussi le deuil en cette triste période.

79 défunts admis à Nouméa

« Le centre funéraire municipal est resté ouvert depuis le début de la crise », informe Alan Boufenèche, directeur de la vie citoyenne, éducative et sportive à la mairie de Nouméa. Une mission obligatoire quand on apprend que 79 défunts ont été admis depuis le 14 mai, parmi lesquels un Tongien et un Australien, dont les familles sont toujours dans l’attente de rapatriement. En quatorze jours – les chiffres datent du 28 mai – les décès enregistrés par le centre funéraire municipal sont proche de la moyenne mensuelle qui s’élève à 100 décès. A ce rythme, le total, sur un mois, pourrait atteindre les 169 défunts. Des chiffres qui montrent un impact jusque-là sous-estimé des émeutes. Mais comment faire pour gérer la problématique des corps lorsque la ville est réduite au chaos ?

Deux containers frigorifiques

30 crémations, 23 inhumations, 19 transferts, ce sont les sombres chiffres qui se cachent derrière les sept individus ayant connu une mort violente durant les émeutes. Mais pour répondre à la question, Alan Boufenèche peut se rappeler au souvenir du Covid-19 en 2020 : « c’était une belle répétition », concède-t-il, avant d’ajouter que grâce à ça, aujourd’hui, « on a pu déclencher des capacités de stockage supplémentaires en commandant un premier container frigorifique rapidement, puis un second qui est venu le compléter. Pendant six jours, on s’est retrouvé à accueillir des défunts mais à ne pas pouvoir en sortir dans le cadre des funérailles, qui n’étaient pas organisées ». La capacité d’une quarantaine de places, dont une trentaine étaient déjà prises par des « décès normaux », a « rapidement » entraîné « des difficultés de conservation. Tout de suite, on a été pris de court. »

Une forte provenance du Médipôle

Les six agents du centre funéraire municipal, qui se sont relayés chaque jour pour assurer son fonctionnement, ont ainsi reçu des défunts de différentes provenances pendant cette quinzaine. Le directeur de la vie citoyenne, éducative et sportive admet que « beaucoup arrivent du Médipôle, mais également des pompes funèbres privées, au cas où leurs structures ne soient endommagées, brûlées ou pillées ». Cependant, ces pompes funèbres privées « fonctionnent pour organiser les funérailles. Dès lors que les familles ont pu se déplacer, ça s’est allégé au fil des jours. Elles ont pu se rendre au centre funéraire municipal, organiser des veillées. Derrière, soit on procède à l’inhumation, à la crémation, soit on fait un transfert vers une autre commune, ou plus récemment vers les Îles grâce au Betico. » Pour continuer les crémations, le centre funéraire municipal a profité du « concours du haussariat et des forces de l’ordre pour se faire livrer du gaz, alors que les cuves commençaient à être à sec ».

Des factures allégées

Un corps dans un centre funéraire, ce n’est pas gratuit. Mais la situation actuelle, quasi inédite sur le territoire, change la donne. La municipalité le sait et ne peut se permettre de faire payer des familles qui n’ont pas pu venir récupérer les corps, et qui espèrent être payées à la fin du mois. Alan Boufenèche l’assure : « on va assouplir les factures des familles, notamment celles empêchées de venir. On ne va pas leur facturer les dix-douze jours, on va partir sur une tarification de conservation courte, c’est-à-dire quarante-huit heures. »

Eloi Coupry 

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