Le FLNKS propage-t-il la rumeur ?

Dans un communiqué publié hier et signé Patrick Jomessy pour l’animation du bureau politique du FLNKS, le Front réclame le report du dégel et la nomination d’une mission du dialogue. Mais il évoque aussi les victimes des violences dans des termes qui pourraient participer à propager la rumeur.

Dans ce long texte, le FLNKS appelle tout à la fois au retour au calme et « salue également les initiatives des responsables politiques engagées dans les institutions qui concourent, à travers leurs compétences respectives, à sécuriser et protéger les populations impactées par la situation actuelle ». Il s’en prend par ailleurs au Haut-Commissaire dont il qualifie les propos « d’irresponsables ». Évoquant la visite présidentielle, le communiqué précise que « le FLNKS attend de cette visite que le Président de la République fasse une annonce relevant de sa seule responsabilité qui permette d’impulser un nouveau souffle en vue de renouer un dialogue apaisé et serein entre les trois partenaires politiques des accords ».

Mise en garde

Mais par ailleurs, le FLNKS évoque également les tragiques violences provoquées par la CCAT depuis le 13 mai. Et sur ce point, « il met en garde l’État sur la nature et les méthodes d’interventions des forces de police, de gendarmerie et de l’armée présentes en nombre dans le pays qui se feraient en dehors de tout cadre légal. Aucun dérapage, ni aucun débordement ne seront tolérés ». Le communiqué reprend à son compte l’hypothèse d’existence de « milices », en estimant « inadmissible de constater aujourd’hui dans notre pays, qu’en pareil situation des personnes armées puissent circuler librement et ôter des vies en toute impunité. Rien ne justifie la mort d’une personne. C’est un aveu d’échec terrible pour l’État français dont la responsabilité de maintenir l’ordre public lui incombe au titre des compétences dites régaliennes ». Mais le FLNKS va plus loin en précisant veiller « également à ce que tout soit mis en œuvre pour éclaircir les conditions dans lesquelles des jeunes kanak ont pu être lâchement assassinés par arme à feu dans les rues de Nouméa. C’est un préalable au rétablissement de la paix civile dont l’État ne pourra se dédouaner ».

Or sur tous ces points, l’État et la justice ont été clairs. Le Haut-Commissaire accompagné du Procureur Général et du Procureur de la République, quelques heures avant la publication de ce communiqué, ont fait un point précis relatifs aux victimes des violences, aux enquêtes en cours et à l’action des forces de l’ordre sur le terrain. Ils ont surtout appelé à ne pas propager des fausses rumeurs destinées à accroitre la peur dans laquelle vit depuis plus d’une semaine une partie de la population, et la haine dont font montre les émeutiers et leurs soutiens. Le FLNKS ne pouvait ignorer ces prises de parole des autorités administratives et judiciaires. Aussi, ce communiqué du FLNKS pose clairement question. Sans doute faut-il y voir de la part du Front, un nouveau coup de pression mis quelques heures avant l’arrivée à Nouméa d’Emmanuel Macron, et une tentative de se dédouaner auprès de la CCAT dont les critiques et les menaces à l’encontre des responsables du FLNKS se font de plus en plus acerbes.

N.V.

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