Faire toujours plus contre les violences conjugales

Ce lundi, Justine Benin, coordonnatrice interministérielle contre les violences faites aux femmes, débutait ses rencontres par la visite du centre de réinsertion pour les auteurs de violences intrafamiliales (RAVIF). Yves Dupas, Isabelle Champmoreau et Petelo Salo ont témoigné sur leur combat quotidien et sur les perspectives d’évolution qu’ouvre cette visite. Chacun des acteurs engagés dans ce fléau qui touche la Nouvelle-Calédonie a ainsi pu s’exprimer sur l’évolution des dispositifs existants sur le territoire.

Isabelle Champmoreau, vice-présidente du gouvernement

Une nouvelle feuille de route du Grenelle

« Les préconisations du rapport de la Cour des comptes concernant les violences faites aux femmes nous permettent de faire un certain nombre de propositions, dans une nouvelle feuille de route du Grenelle. Nous avions surtout consacré notre temps à la question des hébergements, à améliorer le parcours de la victime, ou encore à favoriser le dépôt de plaintes. Maintenant, nous allons renforcer nos actions en matière de prévention, ce qui est déjà le cas dans les établissements scolaires. Je souhaiterais qu’on fasse aussi une étude très approfondie, plutôt sociologique, des raisons qui mènent à cette violence importante en Nouvelle-Calédonie, pour alimenter notre réflexion sur la question de la prévention. Nous allons également continuer à avancer sur tous nos dispositifs opérationnels, comme avec le centre de réinsertion des auteurs de violences intrafamiliales ».

Une prise en charge complète de la victime avec une UMJ

« Notre dernière action d’envergure est la mise en place de l’unité médicojudiciaire (UMJ) pour pouvoir accueillir les victimes dans les meilleures conditions, avec une équipe pluridisciplinaire. Nous sommes le dernier territoire sur le territoire national à ne pas avoir d’UMJ. Nous avons un gros travail qui est fait actuellement, par les médecins légistes qui travaillent avec la justice pour mettre en place le suivi, l’accompagnement des victimes. L’UMJ va réunir au sein du Médipôle l’aspect médical, la formulation des actes dans le cadre de l’enquête, et la dimension sociale ; pour accompagner la victime dans sa globalité. Des crédits dans le cadre du contrat de développement nous aident à réaliser des rénovations, et des crédits de fonctionnement nous sont alloués par le ministère, puisque c’est une décision du procureur. L’ouverture de l’UMJ devrait être effective en mai ».


Petelo Sao, président de la SIC

Un renforcement du lien social avec les résidents

« Depuis le Grenelle, nous avons voulu être partenaires des collectivités, notamment sur la façon de lutter contre ces violences intrafamiliales. Le premier partenariat a été réalisé avec la province Sud et la mise en place de 5 appartements relais qui permettent d’accueillir les victimes des violences intrafamiliales. Depuis, nous avons augmenté cette capacité à 6 appartements, dont l’un consacré à des étudiantes mères de famille qui subiraient des violences. Nous sommes aujourd’hui partenaires du projet de centre de prise en charge des auteurs des violences intrafamiliales, par le biais d’un protocole d’accord sur la mise à disposition du bâtiment. À travers ce projet, c’est une façon de renouveler et de renforcer nos liens avec nos résidents et avec nos locataires ».

Petelo Sao, président de la SIC.

Une prévention accrue des violences

« Nous avons mené un travail de formation auprès de nos agents, pour qu’ils soient en capacité de reconnaître des signes de violences intrafamiliales pour ensuite orienter les victimes. Cette année, c’est un tiers de nos effectifs en contact avec le public qui sera formé. Ce travail de formation de nos agents est mené en parallèle avec les autres actions qu’on déploie avec le procureur de la République et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Il faut pouvoir augmenter la prévention, car comme l’a rappelé le procureur, 40 % des effectifs en prison sont des auteurs de violences conjugales. Je crois qu’il faut qu’on mette en place une politique publique du modèle de la famille pour lutter efficacement contre ces violences. L’engagement de tous les partenaires institutionnels s’est accentué depuis la mise en place du Grenelle en 2019. Aujourd’hui, chacun tire les conclusions de ces dernières années pour établir le nouveau Grenelle, à partir des préconisations du rapport de la Cour des comptes puis en s’inspirant des actions menées en outre-mer et sur le territoire national. Prévention, parcours global de la victime, prise en charge de l’auteur de violences, analyse des raisons de cette violence ; tous les aspects sont pris en compte pour poursuivre ce combat dans la construction d’une politique publique toujours plus efficiente. »


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