« Notre ennemi, c’est l’État français »

A l’initiative de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), une marche de Montravel jusqu’au Mwa Kaa aura lieu ce mardi, à partir de 7h. Des milliers d’indépendantistes seront dans la rue pour exprimer leur opposition au projet de loi, discuté à Paris, sur le dégel du corps électoral.

Hier en milieu de matinée, veille de la marche, la CCAT a tenu une conférence de presse à Nouméa. Les positions ont été clairement exprimées. « Tant que ce projet de loi sera dans le circuit en France, le peuple sera toujours sur le terrain », prévient Dominique Fochi, favorable au dégel pour les 12 000 natifs, mais opposé aux dix ans glissants.

« L’État n’est plus partial, il a pris position depuis le troisième référendum, il n’a pas choisi la voie du consensus », alors que « ça a toujours été dans le consensus et le dialogue que les choses ont été faites » ici. Le secrétaire général de l’Union calédonienne (UC) dénonce un « passage en force » de l’État, « sans consensus local, sans que les Calédoniens puissent donner leur avis ». En résumé, « il ne faut pas détricoter l’accord de Nouméa ». Et en conclusion : « on n’est pas d’accord et on le dira jusqu’à ce qu’on soit écouté ».

« Le peuple Kanak est menacé »

« Dégeler le corps électoral veut dire une autre colonie de peuplement, ça veut dire noyer le peuple Kanak et les autres qui vivent ici, par exemple les victimes de l’Histoire », explique Henri Wedoi (Dus), qui entend « dénoncer cette injustice » de la part d’un « État français qui crache sur les accords, l’accord de Nouméa, l’accord de Matignon-Oudinot, et c’est quelque chose qui fait mal au cœur de tout le monde ici ».

« Aujourd’hui, l’heure est grave, c’est-à-dire dire que le peuple Kanak est menacé », pense Henry Juni (CNTP). Un sentiment « accentué » par une « immigration massive ». Il dit craindre un recul des droits du « peuple kanak » et de « son appartenance à la terre ».

Ariel Tutugoro (CNTP), lui, évoque une menace sur « le rééquilibrage par l’emploi », sachant qu’à ses yeux « les enfants de ce pays » sont « de plus en plus sont marginalisés », car « l’emploi local est souvent piétiné ».

Pour son collègue Henry Juni, « le dégel du corps électoral ce n’est plus à l’ordre du jour, c’est un sujet tabou ». Cette posture sera défendue « coûte que coûte ». « Tant qu’ils ne retireront pas le dégel du corps électoral, ils nous trouveront sur la route », annonce le Wallisien Pierre-Chanel Tuauli (Moi). « On donnera notre vie pour ce pays, parce qu’on n’a plus d’autre pays, on est nés ici, on a grandi ici, vous voulez qu’on aille où ? Et ils continuent à amener des vagues de gens (…) avec notre argent, alors qu’il y a la crise ici. On fait comment ? », s’emporte-t-il. « Le gel du corps électoral, c’est chercher la paix », assure le jeune Yewa Waetheane (UC).

« Attention au calendrier du regret et de la peur, parce que c’est celui-ci qui a amené les uns et les autres dans le mur à un moment donné », rappelle Christian Tein (UC), qui se veut clair : à « la CCAT », on se dit « prêt à relever les défis que l’État français va nous imposer, quels que soient les moyens que nous allons utiliser ».

« La paix, ça s’appelle l’indépendance »

« Le dégel du corps électoral, là, c’est tout simplement marcher sur le sang et sur la tête de nos morts. Ils veulent parler de paix, mais quelle paix ? La paix ici, dans ce pays, ça s’appelle l’indépendance. La paix, c’est le peuple Kanak, avec toutes les communautés qui sont venues ici, qu’on appelle les victimes de l’Histoire, pour construire ce pays », tonne Victor Wejieme (Parti travailliste). Le gouvernement français a une approche « antidémocratique », pose Rock Haoucas (USTKE). « Notre ennemi, ce n’est pas les Calédoniens, ni le peuple français. Notre ennemi, c’est l’État français. » Il « a un rôle » à jouer, celui « de décoloniser ce pays ». Or, là « on assiste à un processus complètement inverse, c’est de recoloniser ce pays par les urnes », aussi car « le troisième referendum n’a pas de sens » parce que « le peuple colonisé ne s’est pas exprimé ».

Anthony Fillet

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