Olivier Pérès pourrait être libéré du Camp-Est après son transfert raté en Métropole

En attendant les conclusions de la Cour de cassation, l’ancien chirurgien, condamné à quinze ans de réclusion criminelle pour le meurtre d’Éric Martinez, demande à sortir de prison. Les débats ont aussi porté sur l’échec à la dernière minute de son transfert en Métropole.

On devait parler de son état de santé et de ses conditions de détention, il a finalement été davantage question des péripéties liées à son transfert avorté en Métropole le mois dernier. De retour devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Nouméa, mercredi matin, pour une « énième » – le mot est du président Philippe Dorcet – demande de mise en liberté, Olivier Pérès, qui est apparu affaibli et le regard dans le vide, a soutenu sa sortie de prison pour des raisons médicales sans quoi la justice prendrait un risque de le voir mourir derrière les murs du Camp-Est.

Pour appuyer cette demande, son avocate Me Cécile Moresco est longuement revenue sur « les trois rapports d’expertise » d’un médecin dont le dernier en date mentionnait que l’état de santé de l’ancien chef du service de chirurgie orthopédique et traumatologique du Médipôle était « incompatible avec une incarcération » et qu’il présentait « un pronostic vital engagé ».

Écartant l’hypothèse souvent répandue d’une stratégie de «dénutrition volontaire », l’avocate a martelé que la chambre de l’instruction était « tenue de le remettre en liberté » en raison de l’article 147-1 du Code de procédure pénale. « Le pourvoi en cassation est sûr à 100%, il y aura un 3e procès devant la cour d’assises de Paris. Il faut qu’il tienne jusque-là, l’incarcération ne doit pas être l’antichambre de la mort », a plaidé Me Moresco.

Pas de retour à Tina-Golf

Pour étayer cette neuvième demande de mise en liberté, le conseil a présenté aux magistrats des garanties et notamment une adresse fixe où pourrait être logé Olivier Pérès dans le cadre de son contrôle judiciaire. Problème, la résidence se situe à Tina Golf, là-même où il a tiré à trois reprises sur Éric Martinez en septembre 2018, ce qui lui a valu d’être condamné en première instance (pour assassinat à vingt ans de réclusion criminelle) puis en appel (requalifié en meurtre à quinze ans de prison). « Je ne pense pas que les riverains verraient d’un bon œil le retour du meurtrier parmi eux », a réagi l’avocat général Philippe Faisandier.

Une modification a donc été apportée en justifiant d’un domicile chez le médecin Jean-Louis Labbé mais là-encore, il y a eu un hic. « C’est le principal témoin du dossier, il ne peut pas être hébergé chez lui alors que se profile, peut-être, un nouveau procès », a dénoncé l’avocat de la partie civile, Me Martin Calmet.

Un transfert à six millions de francs

Des débats, il a surtout été question du transfert raté d’Olivier Pérès en Métropole le 15 février dernier. Me Moresco a fustigé son organisation car « les préconisations du médecin-expert n’ont pas été respectées », faisant référence à la visite par un médecin avant de prendre l’avion, au « programme spécifique de nutrition et d’hydratation » qui n’a pas été suivie ou encore à l’absence de « piqûre antithrombotique ». Des critiques qui ont particulièrement agacé autant la partie civile que le ministère public.

« Il ne veut pas être transféré à Koné, il ne veut pas être transféré en Métropole, il refuse la chambre médicalisée, il dispose d’une cellule adaptée et spacieuse au Camp-Est et on se pose même la question de lui fournir une baignoire en cellule…», a listé Me Martin Calmet qui a demandé à la chambre que, si dans le cas où Olivier Pérès devait être libéré, il soit « soumis à des obligations draconiennes ».

Sans s’opposer formellement à sa libération et constatant que « la chambre de l’instruction est dans une impasse », l’avocat général est revenu sur les conditions de ce transfert qui font, désormais, l’objet d’une enquête préliminaire, Olivier Pérès se plaignant d’avoir été victime de violences au cours du trajet retour au Camp-Est. « Il a crié au scandale dans l’avion et pris à partie les voyageurs, exigeant de parler au pilote et d’être assis en classe Business parce que les sièges sont trop durs en classe économique. C’est un mourant qui a fait preuve d’une belle énergie. Neuf sièges lui avaient été réservés, cela a coûté 6 millions de francs à l’État », a rapporté Philippe Faisandier, affirmant qu’il avait donné un coup de pied à l’infirmier et injurié les agents de la police aux frontières.

Une version vivement contestée par Olivier Pérès et son avocate qui s’est dite « choquée » par ces informations tirées « d’un rapport qui ne figure même pas au dossier » et par « l’acharnement de la partie civile. Laurence Martinez a tout intérêt à le voir mourir en prison car elle est visée par une information judiciaire pour subornation de témoin ».

La chambre de l’instruction rendra sa décision la semaine prochaine et pourrait décider de libérer Olivier Pérès du Camp-Est.

Jean-Alexis Gallien-Lamarche

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