La Fédération des œuvres laïques est de retour sur la colline du Sémaphore. Les nouveaux locaux ont été inaugurés hier matin, près de cinq ans après la démolition des anciens.
A l’évocation de la FOL, chacun y va de son souvenir. Pour Sonia Backès, la présidente de la province Sud, ce lieu emblématique du paysage nouméen représente « ses premières amitiés, ses premiers amours ». « J’ai également été pour la première fois sur scène. C’était un spectacle de danse. Ce n’était pas transcendant, mais oui, j’ai dansé ici », sourit-elle.
Sur la colline du Sémaphore, c’était dès lors un jour de fête. Malgré une météo encore maussade, il y avait des sourires, de la joie, de l’émotion. Cette inauguration des nouveaux locaux de la FOL, qui porte dorénavant le nom de « Kari Véo », qui signifie « sous les étoiles », est la suite d’une « épopée calédonienne » qui est « digne d’une fiction hollywoodienne sans les tueries, ou d’une fonction bollywoodienne sans les cascades », salue Pierre Wélépa, le président de l’association. « Cela dit, nous avons appris à faire de belles cascades durant ces treize années de portage de projet », ajoute-t-il, le mot toujours juste, retraçant les difficultés surmontées depuis 2011 et le passage du cyclone Vania qui avait contraint l’association a fermé, « la mort dans l’âme », l’emblématique salle de spectacle. « Ce lieu d’éducation populaire, laïque et solidaire a été le support d’une action citoyenne, culturelle et sociale. Pourtant, lorsque nous avons sollicité plusieurs rendez-vous auprès de toutes les institutions calédoniennes pour aborder le sujet de la reconstruction de ce formidable outil de vivre ensemble, aucune ne nous a reçus. Les énormes S.O.S. et les nombreux appels de détresse dans les médias n’ont pas fait bouger les collectivités territoriales », attaque-t-il, face aux représentants de trois provinces et de l’Etat.
« La maison du peuple »
La situation évoluera, finalement, avec l’engagement de la province Sud en 2015, suivi des autres institutions en 2017. Un projet d’1,4 milliard de francs est alors évoqué. Avant qu’il ne soit largement coupé, pour finalement atteindre 420 millions de francs. Sans nouvelle salle de spectacle. « Même si nous avons dû faire le deuil de ce projet, ce n’est pas le cas de beaucoup de Calédoniens qui espèrent toujours et encore avoir une grande salle flambant neuve », ajoute Pierre Wélépa, qui doit gérer « en bon père de famille ». Le centre socioculturel Marcel Bousquet, le nom officiel qui n’est jamais utilisé il faut l’avouer, laisse ainsi place à un vaste espace « éducatif et culturel dédié à la rencontre, au dialogue, aux innovations sociales, écologiques et techniques ». « Ce que je souhaite aujourd’hui, c’est que cet outil qu’on a construit ensemble, avec de nombreuses difficultés, ne soit pas un outil d’un camp politique, ne soit pas l’outil d’une idéologie. Il faut que ce soit l’outil de la construction du peuple calédonien, que ce soit l’outil de la construction d’un destin commun qu’on a du mal à construire en politique. Il faut qu’ici, tout le monde se sente chez lui. Cet outil, c’est la maison du peuple, la maison de tous », confie, de son côté, Sonia Backès. Un nouveau chapitre, « sous les étoiles », qui ne fait que commencer.
Claire Gaveau