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Dix choses à retenir d’un procès marquant

Une affaire de coups mortels en réunion à Païta était jugée mardi et mercredi devant la cour d’assises de Nouméa.

Une grande dignité

Avec une salle remplie durant deux jours – les deux tiers, au moins, en soutien de la victime – le risque de confrontation était réel. Mardi matin, en découvrant que la famille du défunt est venue avec des t-shirts (blancs ou noirs) à l’effigie de la victime, l’avocate de la partie civile, Sophie Devrainne, a été surprise, inquiète. La tension allait-elle monter au fil des débats ? Ce ne fut pas le cas. Les spectateurs (une centaine, tous, ou presque, de la communauté wallisienne et futunienne) présents se sont faits remarquer par leur discrétion. Mercredi, lors de sa plaidoirie, Me Devrainne leur a rendu hommage. Les deux avocats de la défense en ont fait de même. Me Patrice Tehio a souligné « la sérénité des débats : pas une seule effusion de voix, pas un mot plus haut que l’autre ». Tous « ont écouté avec sagesse, avec recueillement, ce qui a été dit pendant deux jours, avec une dignité exemplaire ». Me Martin Calmet leur a lancé : « merci d’avoir été comme ça ». Émotion totale dans la salle, en silence.

Encore trop d’alcool

Cette nuit de mai 2021, la victime avait 2,87 grammes d’alcool par litre de sang : au moins 12 bières. Les accusés, eux, avaient probablement au moins 1 gramme puisqu’ils racontent avoir vidé, chacun, « cinq ou six bières » au cours de leur soirée karaoké au Rivland précédant les coups mortels en réunion. Les accompagnateurs, des deux côtés, avaient quasiment tous bu également. « L’alcool, toujours l’antichambre de la violence, elle-même parfois l’antichambre de la mort », a glissé l’avocat général, Philippe Faisandier.

La tête souvent visée

Le premier accusé a donné un coup de pied à la tête. Le second accusé également. Avec une grande force. Si les jambes avaient été visées, l’issue aurait peut-être été différente. « Cette pratique du coup de pied dans la tête pour déconnecter l’adversaire est une pratique beaucoup trop répandue en Nouvelle-Calédonie, et ça fait des dégâts », a rappelé l’avocat général.

Des destins qui basculent

La victime avait une femme, des enfants, un travail et un bon niveau au volley, où il était passeur dans l’équipe de Nengone. Le plus jeune des accusés voulait rentrer dans la police et jouait au rugby comme ailier : « l’homme parfait », ironisera l’avocat général. Son complice, lui, avait rangé le ballon, il faisait un peu de boxe, était musicien, chanteur (il a participé à plusieurs concours) et venait d’être papa d’une petite fille. Pour les trois, la trajectoire de vie a été brutalement modifiée par une fin de soirée désastreuse. Grégory Tui, le défunt, « c’était son premier karaoké. Malheureusement, ce sera son dernier », souffle Me Devrainne.

Difficile de juger

Deux jeunes hommes (18 et 21 ans à l’époque des faits), au casier judiciaire vierge, qui dérapent durant quelques minutes. « Faut-il l’envoyer dix ans sur l’île de l’oubli », a questionné Patrice Tehio en s’adressant aux jurés, leur demandant, pour son client, de « faire preuve de raison, de mesure, de tempérance, de ne pas condamner pour condamner ».

La voiture, objet sacré

« Il est mort pour avoir jeté une bouteille de bière sur une voiture de location », résume Me Devrainne. Voilà une histoire « particulièrement absurde », même « complètement débile ». Une carrosserie légèrement abîmée occasionne une course-poursuite et une bagarre fatale : en Calédonie, a-t-il été laissé entendre à l’audience, on aime au-delà de la raison son véhicule. « La valeur principale, c’est la vie : on ne peut pas, pour une voiture, tuer quelqu’un », a rappelé Me Devrainne.

Un retrait du droit de vote demandé

L’avocat général en a surpris plus : il a demandé dix ans de réclusion criminelle contre Ezeckiel Mauga et six ans d’emprisonnement contre Jean-Michel Viquena, réclamant également une double interdiction pendant cinq ans, celle de se présenter à une élection et, surtout, celle de voter. L’avocat général récemment arrivé, explique qu’il s’agit d’une peine complémentaire habituellement demandée et prononcée en Métropole. En Calédonie, vu le contexte politique cela prend une autre résonance. Sa demande n’a pas été suivie par la cour. Les accusés ont été condamnés à respectivement six ans de prison ferme et cinq ans de prison (deux ferme et trois avec sursis). Ils ne pourront pas être élus durant cinq ans mais conservent leur droit de vote.

Le poids de la religion

Le plus jeune, Jean-Michel dit être catholique pratiquant, présent le dimanche à la messe. Cela a toujours été ainsi dans sa famille, structurée, avec un père carré et une prière au dîner. Le plus âgé, Ezeckiel, a eu un cadre moins structuré. La voie religieuse, il y est entré pendant ses quelques mois passés en détention provisoire, avant sa sortie avec la pose d’un bracelet électronique. Il a perdu vingt kilos et confie être devenu un autre homme depuis qu’il s’est rapproché de Dieu.

Une fortune à payer

Une fois le verdict rendu, mercredi après-midi, l’avocate de la partie civile a listé ses demandes de réparation pour les membres de la famille, la somme réclamée dépendant du degré de parenté. Difficile à estimer le prix d’une vie perdue. Au total, la somme demandée dépasse nettement les 10 millions. La défense, arguant notamment que les deux accusés sont aujourd’hui sans emploi, a demandé à ce que la somme soit diminuée. Le jugement sur intérêts civils doit être rendu dans deux mois.

De l’art oratoire

Les avocats pour les plaidoiries, l’avocat général dans ses réquisitions, la présidente (Zouaouia Magherbi) dans ses questions, et tous parfois lors de leurs joutes verbales, ont participé, par leur niveau, et chacun dans son style, à faire de ce procès un moment marquant. Mention spéciale à Me Martin Calmet, qui a entamé, et terminé, sa plaidoirie en parlant de son client à la première personne. Un classique, qui a fait son effet.

Anthony Fillet

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